" Mes amis , réveillons-nous . Assez d'injustices ! " L'Abbé Pierre

samedi 29 octobre 2016

Je, nous vous condamnons Messieurs Hollande et Valls pour haute trahison ! La trahison, aujourd’hui en temps de paix dans les pays dit democrates, est le propre du monde politique !









La trahison, aujourd’hui en temps de paix dans les pays dit democrates, est le propre du monde politique !

Je, nous vous condamnons Messieurs Hollande et Valls pour haute trahison ! En temps de guerre, vous auriez été pendus pour moins !
La haute trahison :

L'acte ou l'action méritant la qualification de haute trahison est un crime qui consiste en une extrême déloyauté à l'égard de son pays, de son chef d'État, de son gouvernement ou de ses institutions. Il s'agit d'une infraction politique.
En droit constitutionnel français, la référence explicite à la haute trahison apparaît dans les constitutions de l'an III (art. 106 et 107) pour sanctionner les atteintes au fonctionnement régulier du pouvoir législatif, puis dans celles des Chartes de 1814 (art. 33) et 1830 (art. 28), sans précision, dans celle de 1848 (art. 68) pour un motif semblable à ceux de l'an III, et dans celles de la IIIe République[2] et de la IVe République (art. 42), à nouveau sans précision. Jusqu'en 2007, elle était aussi présente, dans une formulation aussi imprécise, dans la Constitution de la Ve République (art. 68) comme la seule cause permettant de mettre en jeu la responsabilité du président de la République française, qui était ainsi passible de la Haute Cour de Justice.
 
 
 
On se perdait en conjecture pour deviner ce que cette notion pouvait exactement recouvrir et à quelles situations contemporaines on pouvait l'étendre, n’est-ce pas Messieurs les politiciens, n’est-ce pas Monsieur le Président Hollande ?
 
 
 
Depuis 2007, la nouvelle rédaction de l'article 68 supprime la référence explicite à la haute trahison et élargit le champ de cette responsabilité présidentielle aux " manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat " comme une cause de destitution par la Haute Cour (nouvelle appellation)[3]. Cette formulation qui reste encore vague peut néanmoins très bien comprendre la haute trahison au sens traditionnel et elle correspond, à vrai dire, à ce que l'on supposait pouvoir y mettre aussi par une interprétation moderne, à savoir, notamment, tous comportements violant la constitution et ses principes ou tous manquements en contravention grave avec les valeurs démocratiques et républicaines[4], la morale politique ou la dignité de la charge, ainsi que la forfaiture et la prévarication[5]. Ajoutons que, depuis une révision antérieure de l'article 68 en 1993, la haute trahison échappait au principe de légalité des délits et des peines[6]. Diluée ou au contraire amplifiée par la nouvelle rédaction de l'article 68, selon l'interprétation que l'on en a et qui reste encore à cerner, tout comme ses modalités, la haute trahison est à relier, par ailleurs, à l'empêchement et à la vacance du président.


  • En droit pénal français. La révision du code pénal en 1832 a fait disparaître le crime de lèse-majesté. Il n'avait d'ailleurs plus, dans un pays qui avait déjà connu la République, qu'une portée réduite à l'offense faite au chef de l'État. Dans l'ancien code pénal, la haute trahison était punie de la peine de mort (art. 75 et 76). D'autre crimes pouvaient être qualifiés ainsi (art. 78-85). Aujourd'hui, le terme de haute trahison n'y figure pas. Cependant, nul doute que le cumul d'une partie des infractions que le code pénal réprime, par exemple, dans un contexte de guerre civile, de la part d'un meneur de haut niveau, amènerait à considérer que la gravité des faits s'assimile à la haute trahison.
    En particulier, le code pénal envisage : la trahison et l'espionnage (art. 411-1 et s.); l'attentat et le complot (art. 412-1 et s.); l'usurpation de commandement, la levée de forces armées et la provocation à s'armer illégalement (art. 412-7 et s.); les atteintes à la sécurité des forces armées et aux zones protégées intéressant la défense nationale (art. 413-1 et s.).


  • En droit militaire français. On peut faire la même remarque à propos du Code de justice militaire qui n'évoque pas explicitement la haute trahison. Mais le cumul de plusieurs chefs d'inculpation à l'encontre d'un haut gradé peut y concourir, suivant la gravité du contexte : l'insoumission (art. 397); la capitulation (art.421); le complot militaire (art. 424); la révolte militaire (art. 442); la rébellion (art. 445); l'insubordination (art. 447), ainsi que les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation en temps de guerre (art. 476-1 et s.) qui se réfèrent aux infractions appréhendées par le code pénal en cette matière.





Messieurs Hollande et Valls, nous vous avons élu pour un programme que vous n’avez en rien appliqué et même bien au contraire ! je, nous sommes en colere et vous payerez tôt ou tard le prix de cette haute trahison ! au nom de nos enfants dont vous pietinez allegrement et sans scrupules leur morale mais aussi, leur avenir .



 
 
 
" Je préférerai toujours les choses aux mots,
et la pensée à la rime ! "


(Voltaire)

" L'homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller

jusqu'au bout de sa pensée "

(Léon Blum)
 
"La démocratie est d'abord un état d'esprit"



(Pierre Mendès France)




 






 

Nucleaire Français, un suicide collectif …

Nucleaire Français, un suicide collectif !

Ou comment le comportement des grands patrons d’EDF et leur propension à enfreindre les règles et mettre en peril la sécurité civile du peuple Français !




 

Les dernières semaines ont été fertiles en découvertes sur l’état réel du parc nucléaire français. On savait que la cuve du réacteur EPR de Flamanville présentait des défauts susceptibles d’en interdire l’emploi. Mais ces dernières semaines, on a également appris que ce défaut de fabrication touchait aussi 18 des réacteurs actuellement en service, au niveau de la cuve ou des générateurs de vapeur.



On savait déjà que la cuve du réacteur EPR de Flamanville présentait des défauts susceptibles d’en interdire l’emploi : des concentrations trop élevées de carbone dans le couvercle et le fond de cuve qui, fragilisant l’acier, risquaient de conduire à la rupture de la cuve en cas de choc thermique. Cette question évidemment cruciale pour l’avenir de l’EPR de Flamanville est en cours d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui rendra son diagnostic et ses prescriptions en mars prochain.

18 réacteurs défectueux

Mais ces dernières semaines, on a également appris que ce défaut de fabrication touchait aussi 18 des réacteurs actuellement en service, au niveau de la cuve ou des générateurs de vapeur. L’ASN a donc demandé l’arrêt provisoire de ces réacteurs afin de faire un diagnostic de la gravité de la situation et signifié l’interdiction du redémarrage du générateur de vapeur d’un des réacteurs de Fessenheim. En cause, la forge du Creusot, propriété d’Areva, mais aussi une entreprise japonaise qui pourrait ne pas avoir envoyé en France ses meilleurs produits.


Une situation catastrophique
C’est évidemment une catastrophe sur plusieurs plans. D'abord, près d’un tiers du parc nucléaire se retrouve à l’arrêt à l’approche de l’hiver, soit plus de 20 % de la capacité totale de production française. C'est un véritable casse-tête pour EDF. Il n’est pas la peine d’aller chercher plus loin la décision du gouvernement de renoncer à son engagement solennel d’établir un prix plancher du CO2 applicable aux centrales à charbon. Ce serait évidemment pénalisant pour l’entreprise nationale déjà bien fragilisée sur le plan financier qui a en toute hâte remis en route les centrales à charbon qu’elle possède encore.

Ensuite, cette découverte de défauts sur des matériels aussi importants que les cuves, les générateurs de vapeur ou les pressuriseurs est d’autant plus grave que ces défauts sont formellement exclus des hypothèses des différents scénarios accidentels. Ces matériels sont en effet censés obéir à un principe " d’exclusion de rupture ". La découverte de ces défauts de fabrication remet donc en cause l’architecture et la philosophie même des calculs qui conduisent à l’affichage de probabilités d’accidents graves ou majeurs. Que veulent dire en effet ces calculs si l’on découvre des défauts graves et irréparables sur les matériels les plus critiques et censés être parfaits ?

Areva pourrait avoir tranquillement falsifié les certificats de conformité requis

Mais il y a encore plus grave. L’ASN, inquiète de cette avalanche de découvertes a diligenté une enquête à Areva pour vérifier la conformité de centaines de pièces avec les spécifications demandées. Et là, nouvelle surprise, la découverte de plusieurs centaines de " dossiers barrés " dans lesquels Areva pourrait avoir tranquillement falsifié les certificats de conformité requis. Une pratique semble-t-il courante dont on a bien du mal à imaginer qu’elle provienne d’une initiative isolée.


L'inimaginable s'est produit
Anomalies et falsifications sur des matériels supposés parfaits : tout y est. Comme le disait en 2011 Jacques Repussard, alors directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), " Il faut imaginer l’inimaginable ". Avec la moitié du parc nucléaire français en situation de sûreté nucléaire dégradée, nous y sommes et c’est très grave.

Avant ces " découvertes ", le président de l’autorité de sûreté nucléaire déclarait : " Un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part ". Dans la situation actuelle, il est de moins en moins exclu en France.

Le parallèle avec le Dieselgate saute aux yeux

Le parallèle avec le dieselgate allemand saute aux yeux. Des normes techniques non respectées sur des matériels critiques pour la sûreté, des certificats falsifiés en masse pour obtenir le feu vert des autorités, tout y est, mais avec en plus un élément déterminant : ce n’est pas comme en Allemagne sous la direction d’un patron dictatorial de multinationale que ce " nucléogate " se produit, c’est bien dans des entreprises quasi-nationalisées et sous l’égide de l’élite des grands corps techniques français qui se targuent de leur dévouement au pays et de leur honnêteté. Et ceci, semble-t-il, dans la plus totale impunité des dirigeants responsables.




De quoi faire réfléchir nos concitoyens sur les limites de notre démocratie…



Le président d’EDF fait pression sur l’Etat :
Dans une lettre adressée le 12 mars à l’ensemble des salariés d’EDF, son président Jean Bernard Lévy, en sus du discours habituel et convenu sur les vertus du projet de réalisation de deux EPR à Hinkley Point au Royaume Uni (absence de risques et forte rentabilité du projet, validation par une expertise " indépendante ", soutien des gouvernements français et britanniques, etc.), présente un élément nouveau qui mérite attention :

" Nous négocions actuellement avec l’Etat, nous dit-il en effet, pour obtenir des engagements de sa part nous permettant de sécuriser notre situation financière. Il est clair que je n’engagerai pas EDF dans ce projet tant que ces conditions ne seront pas réunies. Nous avons déjà obtenu que la totalité du dividende de l’année 2015 soit versée à l’Etat en actions et non pas en cash, ce qui représente 1,8 milliard de fonds propres supplémentaires pour EDF. Ces discussions se poursuivent et j’y défends notre entreprise pour le présent et surtout le futur. "

Rappel

Le 11 mars l’action valait 10, 27 € et la valorisation boursière de l’entreprise est de 19,73 G€ pour 1,920 G actions dont EDF en possède 84,9% (1,630 milliard d’actions).



L’Etat comme tout autre actionnaire pourrait recevoir ses dividendes (1,8 G€) sous forme de cash et en faire ce qu’il juge bon d’en faire, dans le domaine de l’énergie ou dans tout autre domaine. Mais JB Lévy nous dit l’avoir convaincu dans cette opération de procéder à une augmentation du capital d’EDF pour une somme qui correspond à l’ensemble des dividendes perçus au titre de l’année 2015. Et la formulation du président d’EDF vise à faire penser aux salariés auxquels il s’adresse qu’il est équivalent pour l’Etat (et donc les contribuables), dans un contexte budgétaire difficile, de disposer immédiatement de 1,8 G€ ou d’un lot d’actions d’une entreprise qui en moins de 9 ans a vu sa valeur boursière chuter d’un facteur 9[1] alors que c’est évidemment au contraire une opération à risque pour l’Etat.

D’ailleurs, si comme c’est hautement probable, les autres actionnaires, peu séduits dans les circonstances actuelles par une telle augmentation de capital, ne suivent pas, cette opération se traduira par une croissance de la part de l’Etat dans le capital d’EDF de 84,9% en 2015 à 86, 2% en 2016. On nous avait pourtant dit que les ennuis boursiers d’EDF tenaient, tout au moins en partie, à sa sortie du CAC 40, elle même provoquée par la trop grande importance du " facteur de flottant "[2] de cette entreprise…

La formulation employée par le président d’EDF montre aussi clairement sa tentative : faire porter à l’Etat le chapeau du capotage du projet d’Hinkley Point dont il a auparavant dans sa lettre largement vanté la perfection technique et économique, s’il n’obtient pas de garanties financières suffisantes de sa part. Et, comme Hinkley Point est présenté par le gouvernement urbi et orbi[3] comme un point clé du développement de la filière nucléaire française, l’Etat, trop pingre, deviendrait du même coup responsable de la chute de l’ensemble du château de cartes que constitue l’avenir de la filière nucléaire française, dégageant EDF et son président de toute responsabilité dans cette affaire (y compris vis-à-vis d’Areva).

La présentation manifestement enjolivée que propose JB Lévy à ses salariés de la réalité est beaucoup moins enthousiasmante pour les citoyens et les consommateurs. Quelle que soit en effet la solution adoptée, augmentation massive de capital, versement récurrent pendant plusieurs années des dividendes annuels dus à l’Etat en actions[4], filialisation du parc grand caréné et futur avec prix d’achats garantis à long terme[5], vente d’une part de RTE[6], etc., ce sont eux qui vont financer de fait cette opération.


Cela devrait nous engager à la plus grande vigilance à propos de la suite de cette négociation entre l’Etat et EDF. Pour l’instant les citoyens y sont déjà de 1,8 milliard €. Attention que malgré les avertissements qui viennent de tous côtés, les rêves de grandeur et l’aveuglement dont font preuve aujourd’hui le gouvernement comme EDF ne conduisent au gonflement démesuré de cette note dont ni les citoyens ni les consommateurs, ni les travailleurs du secteur ne sortiraient indemnes. L’exemple de ce qui est arrivé à AREVA avec l’EPR finlandais et URAMIN a de quoi faire réfléchir.



[1] De 85 € (95€ 2016) en novembre 2007 à 10, 3 aujourd’hui

[2] Le facteur de flottant permet de ne retenir que les actions disponibles à la vente et de retirer du calcul les actions détenues par l’entreprises ou sous le coup d’un pacte d’actionnaire.

[3] " Si l’on croît au nucléaire, il faut faire Hinkley Point " déclaration d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale

[4] Une dizaine d’années de transformation des dividendes dus à l’Etat en actions


[6] RTE est une filiale à 100% d’EDF qui gère le réseau public de transport haute tension de l’électricité



EDF et le nucléaire : l’enfer c’est les autres !


EDF, ses difficultés financières et le nucléaire font depuis quelques semaines régulièrement la une des journaux. La démission récente de son directeur financier déclenchée par son différent avec le président d’EDF et le gouvernement sur l’opportunité d’investir une bonne vingtaine de milliards d’€ dans la construction de deux EPR à Hinkley Point alors que ceux de Finlande et de Flamanville n’en finissent pas d’essuyer des retards et des surcoûts émeut les marchés : l’action d’EDF perd 0,9 euro (8%) dans la journée du 7 mars à l’annonce de cette démission. Emmanuel Macron doit monter au créneau dès le 8 au matin sur France Inter pour exprimer toute sa confiance dans ce projet et tenter de rassurer les marchés…


Un peu d’histoire
Cette descente aux enfers financiers d’EDF ne date pas d’hier. Remontons dix ans plus tôt, en 2006, quand le gouvernement décide de donner son feu vert à la construction d’un EPR à Flamanville, sans même attendre le lancement du débat que doit organiser la Commission du débat public sur l’opportunité de sa construction… De nombreuses voix se font pourtant entendre pour mettre en garde EDF et les pouvoirs publics contre ce projet. Le numéro 18 des cahiers de Global Chance " l’EPR, un réacteur inutile et dangereux " paru deux ans plus tôt donne bien le ton des critiques et des mises en garde qui seront développées au cours du débat de 2006 : complexité excessive du projet, incertitudes sur la sûreté et la sécurité revendiquées par EDF, doute sur l’intérêt de maintenir deux ingénieries concurrentes sur le nucléaire en France (Areva et EDF), doute sur les perspectives d’exportation d’EPR , affirmation de l’inutilité de moyens de production supplémentaires d’électricité en base pour la France avant 2030, contestation des prévisions de coût du MWh affichées par EDF, etc…

Ces mises en garde, comme celles exprimées par Ségolène Royal lors du débat présidentiel sont bien vite balayées dès l’élection du nouveau président. A la fin de l’année 2007, dans l’euphorie dudiscours officiel sur l’irrésistible renaissance du nucléaire mondial , le cours de l’action EDF atteint des sommets à plus de 85 € (95€ 2016), une affaire pour l’Etat qui en possède plus de 85%. Depuis le cours de l’action a été divisé par 9 et l’Etat, autant dire nous les citoyens, a perdu près de 160 milliards € 2016, l’équivalent de 7,5 % du Pib.


Les avatars du nucléaire y seraient-ils pour quelque chose ?
Que nenni nous affirme son président :

- Premier argument repris en boucle par le gouvernement : ce n’est surtout pas la politique d’EDF qu’il faut accuser, c’est la chute des prix de gros sur le marché européen due à la surcapacité de production. On a pourtant bien du mal à imaginer que les exportations massives d’électricité principalement nucléaire auxquelles EDF se livre (70 à plus de 90 TWh ces dernières années, jusqu’ à plus de 15% de sa production) dont elle tire une grande fierté (EDF premier exportateur européen d’électricité) n’a aucune influence sur le prix de marché de l’électricité. Un peu comme si l’Arabie saoudite après avoir largement desserré ses quotas d’exportation se plaignait de ce que ses concurrents fassent baisser dangereusement le cours du baril…

- Second argument : les énergies renouvelables profitent d’une obligation d’achat à des tarifs qui faussent le marché au détriment du nucléaire. C’est oublier un peu vite les subventions explicites ou implicites dont la filière nucléaire a largement bénéficié tout au long de son développement (recherche publique, prêts garantis par l’Etat, etc.) et dont elle bénéficie toujours (prise en charge par l’Etat d’un accident majeur éventuel, aléas futurs du démantèlement et du stockage des déchets, etc). Et le président d’EDF d’ajouter :

" La question se pose de savoir comment justifier un investissement à temps long dans le nucléaire lorsque les signaux de prix sont bas. Lorsque le marché est déséquilibré, il faut garantir un prix pour le nucléaire comme pour les énergies renouvelables. C'est le choix retenu, à juste titre, par les Britanniques ". Il revendique ainsi pour la mise en place d’EPR (simplifiés ou non) de mesures tarifaires dont la justification pour les renouvelables reposait sur l’acquisition de la maturité technico-économique des filières, ce qui laisse un doute sur celle de la filière nucléaire et pose la question de la pertinence de fonder l’avenir électrique du pays sur une filière dont la rentabilité éventuelle suppose une pérennité de politiques de soutien sur 40 ou 50 ans.

- Troisième argument : les gaz à effet de serre. C’est vrai que l’électricité nucléaire produit beaucoup moins de CO2 par kWh que l’électricité charbon ou gaz. Mais c’est aussi le cas de l’éolien ou du photovoltaïque et de l’hydraulique qui, quant à elle, vient aujourd’hui au secours du nucléaire aux périodes de pointe. Sans compter les économies d’électricité…

- Quatrième argument : la France est et doit rester une grande puissance nucléaire à l’exportation. C’est ce qui justifierait aux yeux d’Emmanuel Macron l’opération Hinkley Point. Et puis EDF travaille sur un EPR simplifié qui ne saurait manquer d’être très compétitif à la fois vis-à-vis de ses concurrents nucléaires et des autres moyens de production existants ou à construire. Mais cet argument se heurte au constat d’une diminution progressive et importante des coûts des filières renouvelables comme le photovoltaïque et dans une moindre mesure l’éolien, dans un contexte historique de coûts constamment croissants des différents paliers des réacteurs à eau pressurisée. D’autre part il faut bien prendre conscience que la France, même quand elle apparaissait effectivement aux yeux du monde comme incontournable dans la filière nucléaire n’a jamais réussi à développer un véritable marché de ses réacteurs à l’étranger. Pour 58 réacteurs PWR construits en France depuis une quarantaine d’années, la France a vendu à l’étranger 11 réacteurs (trois en Belgique, deux en Corée du Sud, deux en Afrique du Sud et quatre en Chine). Sans compter qu’EDF se trouve aujourd’hui objectivement en retard par rapport à ses concurrents sur son propre produit EPR ou sur des produits analogues. Si, comme c’est très probable, le premier EPR de Taïshan en Chine diverge bien avant le réacteur de Flamanville, l’industrie chinoise dont on connaît la compétitivité se trouvera en excellente position vis-à-vis d’EDF sur un marché mondial limité à quelques réacteurs par an.

- Cinquième argument : le nucléaire rénové après " Grand carénage ", avec un coût prévu de l’ordre de 63 à 70 € par MWh si tout va bien, sera très compétitif en base et restera indispensable pour satisfaire aux besoins d’électricité nationaux qui ne peuvent que croître de façon spectaculaire dans la décennie qui vient. De plus grâce à la modulation de la puissance des réacteurs qu’EDF propose, le nucléaire viendra au secours de l’électricité renouvelable, variable par nature pour l’éolien et le photovoltaïque qu’impose la loi de transition énergétique (40% en 2030). Mais d’une part la croissance de consommation d’électricité nécessaire à cette stratégie est totalement irréaliste et d’autre part le projet de modulation de la puissance des réacteurs au niveau requis , non sans risques d’accident, conduirait à une augmentation du coût/MWh de 35%.

- Dernier argument qui va droit au cœur des français : l’indépendance énergétique de la France irremplaçable que nous procurerait la filière nucléaire. Sauf que la totalité de l’uranium qui fait marcher nos centrales est étranger, ce qui réduit d’autant notre indépendance (figure ci-dessous)



Taux d’indépendance énergétique officiel et réel
EDF, ses difficultés financières et le nucléaire font depuis quelques semaines régulièrement la une des journaux. La démission récente de son directeur financier déclenchée par son différent avec le président d’EDF et le gouvernement sur l’opportunité d’investir une bonne vingtaine de milliards d’€ dans la construction de deux EPR à Hinkley Point alors que ceux de Finlande et de Flamanville n’en finissent pas d’essuyer des retards et des surcoûts émeut les marchés : l’action d’EDF perd 0,9 euro (8%) dans la journée du 7 mars à l’annonce de cette démission. Emmanuel Macron doit monter au créneau dès le 8 au matin sur France Inter pour exprimer toute sa confiance dans ce projet et tenter de rassurer les marchés…


Un peu d’histoire
Cette descente aux enfers financiers d’EDF ne date pas d’hier. Remontons dix ans plus tôt, en 2006, quand le gouvernement décide de donner son feu vert à la construction d’un EPR à Flamanville, sans même attendre le lancement du débat que doit organiser la Commission du débat public sur l’opportunité de sa construction… De nombreuses voix se font pourtant entendre pour mettre en garde EDF et les pouvoirs publics contre ce projet. Le numéro 18 des cahiers de Global Chance " l’EPR, un réacteur inutile et dangereux " paru deux ans plus tôt donne bien le ton des critiques et des mises en garde qui seront développées au cours du débat de 2006 : complexité excessive du projet, incertitudes sur la sûreté et la sécurité revendiquées par EDF, doute sur l’intérêt de maintenir deux ingénieries concurrentes sur le nucléaire en France (Areva et EDF), doute sur les perspectives d’exportation d’EPR , affirmation de l’inutilité de moyens de production supplémentaires d’électricité en base pour la France avant 2030, contestation des prévisions de coût du MWh affichées par EDF, etc…

Ces mises en garde, comme celles exprimées par Ségolène Royal lors du débat présidentiel sont bien vite balayées dès l’élection du nouveau président. A la fin de l’année 2007, dans l’euphorie dudiscours officiel sur l’irrésistible renaissance du nucléaire mondial , le cours de l’action EDF atteint des sommets à plus de 85 € (95€ 2016), une affaire pour l’Etat qui en possède plus de 85%. Depuis le cours de l’action a été divisé par 9 et l’Etat, autant dire nous les citoyens, a perdu près de 160 milliards € 2016, l’équivalent de 7,5 % du Pib.


Les avatars du nucléaire y seraient-ils pour quelque chose ?
Que nenni nous affirme son président :

- Premier argument repris en boucle par le gouvernement : ce n’est surtout pas la politique d’EDF qu’il faut accuser, c’est la chute des prix de gros sur le marché européen due à la surcapacité de production. On a pourtant bien du mal à imaginer que les exportations massives d’électricité principalement nucléaire auxquelles EDF se livre (70 à plus de 90 TWh ces dernières années, jusqu’ à plus de 15% de sa production) dont elle tire une grande fierté (EDF premier exportateur européen d’électricité) n’a aucune influence sur le prix de marché de l’électricité. Un peu comme si l’Arabie saoudite après avoir largement desserré ses quotas d’exportation se plaignait de ce que ses concurrents fassent baisser dangereusement le cours du baril…

- Second argument : les énergies renouvelables profitent d’une obligation d’achat à des tarifs qui faussent le marché au détriment du nucléaire. C’est oublier un peu vite les subventions explicites ou implicites dont la filière nucléaire a largement bénéficié tout au long de son développement (recherche publique, prêts garantis par l’Etat, etc.) et dont elle bénéficie toujours (prise en charge par l’Etat d’un accident majeur éventuel, aléas futurs du démantèlement et du stockage des déchets, etc). Et le président d’EDF d’ajouter :

" La question se pose de savoir comment justifier un investissement à temps long dans le nucléaire lorsque les signaux de prix sont bas. Lorsque le marché est déséquilibré, il faut garantir un prix pour le nucléaire comme pour les énergies renouvelables. C'est le choix retenu, à juste titre, par les Britanniques ". Il revendique ainsi pour la mise en place d’EPR (simplifiés ou non) de mesures tarifaires dont la justification pour les renouvelables reposait sur l’acquisition de la maturité technico-économique des filières, ce qui laisse un doute sur celle de la filière nucléaire et pose la question de la pertinence de fonder l’avenir électrique du pays sur une filière dont la rentabilité éventuelle suppose une pérennité de politiques de soutien sur 40 ou 50 ans.

- Troisième argument : les gaz à effet de serre. C’est vrai que l’électricité nucléaire produit beaucoup moins de CO2 par kWh que l’électricité charbon ou gaz. Mais c’est aussi le cas de l’éolien ou du photovoltaïque et de l’hydraulique qui, quant à elle, vient aujourd’hui au secours du nucléaire aux périodes de pointe. Sans compter les économies d’électricité…

- Quatrième argument : la France est et doit rester une grande puissance nucléaire à l’exportation. C’est ce qui justifierait aux yeux d’Emmanuel Macron l’opération Hinkley Point. Et puis EDF travaille sur un EPR simplifié qui ne saurait manquer d’être très compétitif à la fois vis-à-vis de ses concurrents nucléaires et des autres moyens de production existants ou à construire. Mais cet argument se heurte au constat d’une diminution progressive et importante des coûts des filières renouvelables comme le photovoltaïque et dans une moindre mesure l’éolien, dans un contexte historique de coûts constamment croissants des différents paliers des réacteurs à eau pressurisée. D’autre part il faut bien prendre conscience que la France, même quand elle apparaissait effectivement aux yeux du monde comme incontournable dans la filière nucléaire n’a jamais réussi à développer un véritable marché de ses réacteurs à l’étranger. Pour 58 réacteurs PWR construits en France depuis une quarantaine d’années, la France a vendu à l’étranger 11 réacteurs (trois en Belgique, deux en Corée du Sud, deux en Afrique du Sud et quatre en Chine). Sans compter qu’EDF se trouve aujourd’hui objectivement en retard par rapport à ses concurrents sur son propre produit EPR ou sur des produits analogues. Si, comme c’est très probable, le premier EPR de Taïshan en Chine diverge bien avant le réacteur de Flamanville, l’industrie chinoise dont on connaît la compétitivité se trouvera en excellente position vis-à-vis d’EDF sur un marché mondial limité à quelques réacteurs par an.

- Cinquième argument : le nucléaire rénové après " Grand carénage ", avec un coût prévu de l’ordre de 63 à 70 € par MWh si tout va bien, sera très compétitif en base et restera indispensable pour satisfaire aux besoins d’électricité nationaux qui ne peuvent que croître de façon spectaculaire dans la décennie qui vient. De plus grâce à la modulation de la puissance des réacteurs qu’EDF propose, le nucléaire viendra au secours de l’électricité renouvelable, variable par nature pour l’éolien et le photovoltaïque qu’impose la loi de transition énergétique (40% en 2030). Mais d’une part la croissance de consommation d’électricité nécessaire à cette stratégie est totalement irréaliste et d’autre part le projet de modulation de la puissance des réacteurs au niveau requis , non sans risques d’accident, conduirait à une augmentation du coût/MWh de 35%.

- Dernier argument qui va droit au cœur des français : l’indépendance énergétique de la France irremplaçable que nous procurerait la filière nucléaire. Sauf que la totalité de l’uranium qui fait marcher nos centrales est étranger, ce qui réduit d’autant notre indépendance (figure ci-dessous)




Malgré le déploiement du programme nucléaire français, l’indépendance énergétique française n’a cessé de se dégrader, de 25% à la fin des années 1970 à moins de 10% au début des années 2010, comme le montre l’évolution du taux " corrigé " qui tient compte du fait que l’uranium est importé

Source : B Dessus , Déchiffrer l’énergie, Belin 2014
et que la réalisation en France des éléments les plus importants de nos futurs réacteurs a bien des chances de nous échapper au profit de l’industrie chinoise.

La plupart de ces arguments sont donc pour le moins contestables et fragiles puisqu’une bonne part d’entre eux renvoient à la responsabilité des " autres " (pays voisins ou technologies concurrentes) plutôt qu’aux performances propres du nucléaire et d’EDF.


Pas un mot de l’essentiel !
Mais ce qui est de loin le plus surprenant dans le discours d’EDF est le silence complet, sur les questions principales que pose le nucléaire et qui ne sont pas d’abord économiques et financières : l’accident majeur, le devenir des déchets à haute activité et à vie longue (plusieurs centaines de milliers d’années) et les risques de prolifération.

Au moment où le Japon commémore le cinquième anniversaire de l’accident majeur de Fukushima est ce à la bourse qu’il faut rappeler que les dégâts sont estimés au Japon à au moins 87 G€ pour être entendus ?


EDF joue-t’il son rôle de " service public " et certains ministres leur rôle de gardiens de la sécurité des citoyens en faisant semblant d’ignorer totalement ce risque d’accident majeur alors qu’en réponse à la journaliste qui lui demandait si " In fine, la question n’est-elle pas si, mais quand il y aura un accident majeur en Europe ? ", le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), Pierre-Franck Chevet, a répondu : " Oui, il y en aura ".
Dans ces conditions, EDF joue–t’il son rôle de " service public " (avec le soutien la ministre de l’environnement) en affichant clairement son intention de prolongation de la durée de vie de l’ensemble du parc nucléaire actuel sans un mot sur l’aggravation des risques ni sur le fait que cette décision serait en totale contradiction avec la loi sur la transition énergétique ?

EDF joue-t’il son rôle de " service public " en faisant pression avec succès sur la ministre de l’environnement pour faire " arbitrer " à 25 G€ un devis proposé par l’ANDRA pour le site de stockage de déchets nucléaires de Bure à 34 G€, pourtant considéré comme sous évalué par l’ASN et la Cour des comptes ?

EDF joue–t’elle joue-t’il son rôle de " service public " en ne proposant comme voie de sortie de la crise qu’il traverse qu’une fuite en avant irréaliste de la consommation d’électricité des français dans le seul espoir de maintenir la prééminence du nucléaire?

Au moment même où l’on attendrait d’EDF la prise en main de la révolution qui s’opère partout du passage de la fourniture d’énergie centralisée à celle de l’échange de services les plus efficaces possibles de l’énergie au niveau local, avec les risques d’uberisation marchande qu’elle comporte, ce sont les intérêts sectoriels d’une industrie aux abois qui semblent uniquement guider ses dirigeants. Comme si le seul horizon possible pour EDF résidait dans l’accroissement indéfini de sa production d’électricité et la poursuite de l’exception nucléaire française.




Cette obstination est non seulement suicidaire pour l’entreprise, mais plus grave encore pour la notion de service public et la sécurité des Français !



Tout est bon à EDF pour ne pas toucher à son parc nucléaire :


Il sera toujours temps, passé 2018, d’expliquer au prochain président de la République que le maintien du couperet des 50% n’est pas possible, bien malgré EDF, dans une période si difficile pour le portefeuille des consommateurs. Et on pourra toujours spéculer sur le coût réel de démantèlement d’une centrale nucléaire puisqu’on en aura soigneusement évité l’expérience….




Le propos tenu dans les échos du 19 février [1] par Stéphane Feutry, délégué à l’état-major à la Direction de la production nucléaire d’EDFselon lequel "  le parc nucléaire a toujours su faire de la modulation, mais ce qui change avec l’intermittence des énergies solaire et éolienne, c’est que nous avons besoin de faire varier davantage de réacteurs en même temps " vient éclairer très utilement l’une des déclarations de son président qui a particulièrement retenu l’attention deux jours plus tôt : " Notre parc, disait il, doit continuer de fonctionner au niveau actuel. La puissance globale de 63 gigawatts [2] est un plafond, mais aussi un plancher " [3].

On pouvait en effet légitimement se poser la question de la compatibilité de cette déclaration du président d’EDF avec les prescriptions de la loi sur la transition énergétique : division par deux de la consommation finale d’énergie en 2050, sa chute de 20% en 2030 (et donc une diminution de l’ordre de 15% en 2025), et la limitation à 50% du nucléaire dans la consommation électrique française en 2025.

Comment y parvenir alors que le nucléaire contribue aujourd’hui à plus de 75% de la consommation intérieure française ? Il faudrait en effet une augmentation de cette consommation de 50% en 2025 à laquelle personne ne croit pour y parvenir sans toucher à la production nucléaire actuelle (440 TWh). Elle stagne en effet depuis plusieurs années comme le montre la fig 1 et évoluera, selon RTE, de plus ou moins 0,16%/an en France dans les années qui viennent, malgré les nouveaux usages de l’électricité régulièrement invoqués pour justifier un retour à la hausse [4] ; quant au bilan exportations/importations d’électricité (62 TWh en 2015), il est limité par la capacité des lignes transfrontalières mais aussi par la surcapacité croissante en Europe qui entraîne la chute des prix de gros (de 60 €/MWh en 2012 à 26 €/MWh actuellement ).




Il faudrait donc logiquement fermer des réacteurs, une vingtaine selon la Cour des Comptes.

C’est hors de question pour EDF qui propose de maintenir la puissance du parc nucléaire à son niveau actuel et de l’utiliser chaque fois que nécessaire comme roue de secours de l’électricité renouvelable quand celle ci, intermittente vient à manquer. Un prêté pour un rendu, en somme, de ce qui se passe aujourd’hui où notre parc nucléaire, bien incapable de se débrouiller tout seul aux périodes de pointes de consommation électrique appelle les barrages hydroélectriques et les centrales à combustibles fossiles à la rescousse!

Mais pour cela il faut rendre rapidement modulable la production de cet énorme outil qu’est un réacteur nucléaire. EDF le fait déjà à petite échelle et à grand peine depuis plusieurs années sur une partie de son parc. C’est peut-être faisable à plus grande échelle même si c’est très délicat, mais cela contribue à fragiliser les gaines de combustible et la cuve du réacteur soumis à des variations mécaniques et thermiques importantes et beaucoup plus fréquentes qu’en fonctionnement continu. En déclarant que "  moduler la production nucléaire oblige à un peu plus de maintenance, parce que les robinets ou les tuyaux sont un peu plus sollicités. Mais on est dans l’épaisseur du trait " Stéphane Feutray va donc un peu vite, comme s’il s’agissait d’un vulgaire problème de robinets. Il en va en fait de la sûreté de réacteurs vieillissants puisque la moyenne d’âge de 30 d’entre eux atteint 34 ans cette année. Que penserait-on d’un accident majeur survenant " dans l’épaisseur du trait " ?

Et puis, à supposer, ce qui est loin d’être acquis, que cette pratique se généralise sans risque de fausse manœuvre dangereuse ni augmentation des risques d’accident majeur par dégradation accélérée des caractéristiques de résistance de l’installation, reste un problème économique de taille queBernard Salha le directeur des Etudes et Recherches d‘EDF éclipse en déclarant simplement que " cette manœuvrabilité permet de limiter les pertes de production ".

En effet, si le nucléaire doit satisfaire dans une proportion importante aux besoins complémentaires d’électricité renouvelable au point de ne plus représenter que 50% de la consommation, il ne produira plus, globalement (solde des exportations comprises), que 310 TWh environ[ 5] contre 440 aujourd’hui, une chute de production de plus de 40%. C’est dire que le nombre d’heures moyen d’appel au parc nucléaire actuellement de 7100 heures/an devra descendre autour de 5000 heures par an.


Cette chute du taux de charge aura des conséquences majeures sur le coût de production nucléaire. Le poids de l’amortissement des investissements initiaux, des investissements de maintenance et des frais fixes d’exploitation (en particulier de personnels), voisin de 90%, rend en effet le coût du MWh extrêmement sensible au taux de charge annuel du parc comme le montre la courbe ci dessous.



Le coût au MWh du parc après " Grand carénage " estimé par la Cour des comptes entre 63 et 70 € sur la base du taux de charge annuel actuel pourrait ainsi subir une augmentation de 35% et atteindre de 85 à 96€.

C’est donc une proposition à la fois très risquée du point vue de la sûreté et désastreuse du point de vue économique que suggère EDF en faisant semblant de croire qu’elle pourra sortir du dilemme de réduction du parc à laquelle elle est confrontée du fait de la loi sur la transition énergétique en venant généreusement au secours des énergies renouvelables intermittentes.

EDF nous a longtemps expliqué, pour justifier l’ampleur de son parc nucléaire, que les énergies renouvelables électriques exigeaient du fait de leur intermittence de se voir adossées de capacités équivalentes d’électricité thermique à combustibles fossiles, ruineuses et très émettrices de gaz à effet de serre. Aujourd’hui que ces énergies deviennent compétitives par rapport au nucléaire, EDF fait le dos rond avec un discours plus conciliant vis-à-vis de ces énergies et leur propose même un projet d’alliance présenté comme gagnant–gagnant.

Il sera toujours temps, passé 2018, d’expliquer au prochain président de la République que le maintien du couperet des 50% n’est pas possible, bien malgré EDF, dans une période si difficile pour le portefeuille des consommateurs. Et on pourra toujours spéculer sur le coût réel de démantèlement d’une centrale nucléaire puisqu’on en aura soigneusement évité l’expérience….






[2]indiquée dans la loi de transition énergétique comme un plafond

[3] " L'électricité est la principale solution au problème du climat " le Monde 18 février

[4] En France par exemple, l’introduction de 2 millions de véhicules électriques dans le parc avant 2025, évidemment bien improbable (il n’en existe que 40 000 aujourd’hui) n’entraînerait qu’une augmentation de consommation de 5 ou 6 TWh d’électricité et celle d’un million de pompes à chaleur en remplacement de chaudières fioul (actuellement au nombre de 2,4 millions) également improbable avec le prix du fioul actuel une augmentation 6 à 8 TWh, au total moins de 3% de la consommation actuelle.

[5] Dans l’hypothèse d’une consommation intérieure de 500 TWh en 2025, en augmentation de 5% par rapport à 2015.
 
 
 
 

Nucleaire Français, un suicide collectif …

Nucleaire Français, un suicide collectif !

Ou comment le comportement des grands patrons d’EDF et leur propension à enfreindre les règles et mettre en peril la sécurité civile du peuple Français !




 

Les dernières semaines ont été fertiles en découvertes sur l’état réel du parc nucléaire français. On savait que la cuve du réacteur EPR de Flamanville présentait des défauts susceptibles d’en interdire l’emploi. Mais ces dernières semaines, on a également appris que ce défaut de fabrication touchait aussi 18 des réacteurs actuellement en service, au niveau de la cuve ou des générateurs de vapeur.



On savait déjà que la cuve du réacteur EPR de Flamanville présentait des défauts susceptibles d’en interdire l’emploi : des concentrations trop élevées de carbone dans le couvercle et le fond de cuve qui, fragilisant l’acier, risquaient de conduire à la rupture de la cuve en cas de choc thermique. Cette question évidemment cruciale pour l’avenir de l’EPR de Flamanville est en cours d’instruction par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui rendra son diagnostic et ses prescriptions en mars prochain.

18 réacteurs défectueux

Mais ces dernières semaines, on a également appris que ce défaut de fabrication touchait aussi 18 des réacteurs actuellement en service, au niveau de la cuve ou des générateurs de vapeur. L’ASN a donc demandé l’arrêt provisoire de ces réacteurs afin de faire un diagnostic de la gravité de la situation et signifié l’interdiction du redémarrage du générateur de vapeur d’un des réacteurs de Fessenheim. En cause, la forge du Creusot, propriété d’Areva, mais aussi une entreprise japonaise qui pourrait ne pas avoir envoyé en France ses meilleurs produits.


Une situation catastrophique
C’est évidemment une catastrophe sur plusieurs plans. D'abord, près d’un tiers du parc nucléaire se retrouve à l’arrêt à l’approche de l’hiver, soit plus de 20 % de la capacité totale de production française. C'est un véritable casse-tête pour EDF. Il n’est pas la peine d’aller chercher plus loin la décision du gouvernement de renoncer à son engagement solennel d’établir un prix plancher du CO2 applicable aux centrales à charbon. Ce serait évidemment pénalisant pour l’entreprise nationale déjà bien fragilisée sur le plan financier qui a en toute hâte remis en route les centrales à charbon qu’elle possède encore.

Ensuite, cette découverte de défauts sur des matériels aussi importants que les cuves, les générateurs de vapeur ou les pressuriseurs est d’autant plus grave que ces défauts sont formellement exclus des hypothèses des différents scénarios accidentels. Ces matériels sont en effet censés obéir à un principe " d’exclusion de rupture ". La découverte de ces défauts de fabrication remet donc en cause l’architecture et la philosophie même des calculs qui conduisent à l’affichage de probabilités d’accidents graves ou majeurs. Que veulent dire en effet ces calculs si l’on découvre des défauts graves et irréparables sur les matériels les plus critiques et censés être parfaits ?

Areva pourrait avoir tranquillement falsifié les certificats de conformité requis

Mais il y a encore plus grave. L’ASN, inquiète de cette avalanche de découvertes a diligenté une enquête à Areva pour vérifier la conformité de centaines de pièces avec les spécifications demandées. Et là, nouvelle surprise, la découverte de plusieurs centaines de " dossiers barrés " dans lesquels Areva pourrait avoir tranquillement falsifié les certificats de conformité requis. Une pratique semble-t-il courante dont on a bien du mal à imaginer qu’elle provienne d’une initiative isolée.


L'inimaginable s'est produit
Anomalies et falsifications sur des matériels supposés parfaits : tout y est. Comme le disait en 2011 Jacques Repussard, alors directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), " Il faut imaginer l’inimaginable ". Avec la moitié du parc nucléaire français en situation de sûreté nucléaire dégradée, nous y sommes et c’est très grave.

Avant ces " découvertes ", le président de l’autorité de sûreté nucléaire déclarait : " Un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part ". Dans la situation actuelle, il est de moins en moins exclu en France.

Le parallèle avec le Dieselgate saute aux yeux

Le parallèle avec le dieselgate allemand saute aux yeux. Des normes techniques non respectées sur des matériels critiques pour la sûreté, des certificats falsifiés en masse pour obtenir le feu vert des autorités, tout y est, mais avec en plus un élément déterminant : ce n’est pas comme en Allemagne sous la direction d’un patron dictatorial de multinationale que ce " nucléogate " se produit, c’est bien dans des entreprises quasi-nationalisées et sous l’égide de l’élite des grands corps techniques français qui se targuent de leur dévouement au pays et de leur honnêteté. Et ceci, semble-t-il, dans la plus totale impunité des dirigeants responsables.




De quoi faire réfléchir nos concitoyens sur les limites de notre démocratie…



Le président d’EDF fait pression sur l’Etat :
Dans une lettre adressée le 12 mars à l’ensemble des salariés d’EDF, son président Jean Bernard Lévy, en sus du discours habituel et convenu sur les vertus du projet de réalisation de deux EPR à Hinkley Point au Royaume Uni (absence de risques et forte rentabilité du projet, validation par une expertise " indépendante ", soutien des gouvernements français et britanniques, etc.), présente un élément nouveau qui mérite attention :

" Nous négocions actuellement avec l’Etat, nous dit-il en effet, pour obtenir des engagements de sa part nous permettant de sécuriser notre situation financière. Il est clair que je n’engagerai pas EDF dans ce projet tant que ces conditions ne seront pas réunies. Nous avons déjà obtenu que la totalité du dividende de l’année 2015 soit versée à l’Etat en actions et non pas en cash, ce qui représente 1,8 milliard de fonds propres supplémentaires pour EDF. Ces discussions se poursuivent et j’y défends notre entreprise pour le présent et surtout le futur. "

Rappel

Le 11 mars l’action valait 10, 27 € et la valorisation boursière de l’entreprise est de 19,73 G€ pour 1,920 G actions dont EDF en possède 84,9% (1,630 milliard d’actions).



L’Etat comme tout autre actionnaire pourrait recevoir ses dividendes (1,8 G€) sous forme de cash et en faire ce qu’il juge bon d’en faire, dans le domaine de l’énergie ou dans tout autre domaine. Mais JB Lévy nous dit l’avoir convaincu dans cette opération de procéder à une augmentation du capital d’EDF pour une somme qui correspond à l’ensemble des dividendes perçus au titre de l’année 2015. Et la formulation du président d’EDF vise à faire penser aux salariés auxquels il s’adresse qu’il est équivalent pour l’Etat (et donc les contribuables), dans un contexte budgétaire difficile, de disposer immédiatement de 1,8 G€ ou d’un lot d’actions d’une entreprise qui en moins de 9 ans a vu sa valeur boursière chuter d’un facteur 9[1] alors que c’est évidemment au contraire une opération à risque pour l’Etat.

D’ailleurs, si comme c’est hautement probable, les autres actionnaires, peu séduits dans les circonstances actuelles par une telle augmentation de capital, ne suivent pas, cette opération se traduira par une croissance de la part de l’Etat dans le capital d’EDF de 84,9% en 2015 à 86, 2% en 2016. On nous avait pourtant dit que les ennuis boursiers d’EDF tenaient, tout au moins en partie, à sa sortie du CAC 40, elle même provoquée par la trop grande importance du " facteur de flottant "[2] de cette entreprise…

La formulation employée par le président d’EDF montre aussi clairement sa tentative : faire porter à l’Etat le chapeau du capotage du projet d’Hinkley Point dont il a auparavant dans sa lettre largement vanté la perfection technique et économique, s’il n’obtient pas de garanties financières suffisantes de sa part. Et, comme Hinkley Point est présenté par le gouvernement urbi et orbi[3] comme un point clé du développement de la filière nucléaire française, l’Etat, trop pingre, deviendrait du même coup responsable de la chute de l’ensemble du château de cartes que constitue l’avenir de la filière nucléaire française, dégageant EDF et son président de toute responsabilité dans cette affaire (y compris vis-à-vis d’Areva).

La présentation manifestement enjolivée que propose JB Lévy à ses salariés de la réalité est beaucoup moins enthousiasmante pour les citoyens et les consommateurs. Quelle que soit en effet la solution adoptée, augmentation massive de capital, versement récurrent pendant plusieurs années des dividendes annuels dus à l’Etat en actions[4], filialisation du parc grand caréné et futur avec prix d’achats garantis à long terme[5], vente d’une part de RTE[6], etc., ce sont eux qui vont financer de fait cette opération.


Cela devrait nous engager à la plus grande vigilance à propos de la suite de cette négociation entre l’Etat et EDF. Pour l’instant les citoyens y sont déjà de 1,8 milliard €. Attention que malgré les avertissements qui viennent de tous côtés, les rêves de grandeur et l’aveuglement dont font preuve aujourd’hui le gouvernement comme EDF ne conduisent au gonflement démesuré de cette note dont ni les citoyens ni les consommateurs, ni les travailleurs du secteur ne sortiraient indemnes. L’exemple de ce qui est arrivé à AREVA avec l’EPR finlandais et URAMIN a de quoi faire réfléchir.



[1] De 85 € (95€ 2016) en novembre 2007 à 10, 3 aujourd’hui

[2] Le facteur de flottant permet de ne retenir que les actions disponibles à la vente et de retirer du calcul les actions détenues par l’entreprises ou sous le coup d’un pacte d’actionnaire.

[3] " Si l’on croît au nucléaire, il faut faire Hinkley Point " déclaration d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale

[4] Une dizaine d’années de transformation des dividendes dus à l’Etat en actions


[6] RTE est une filiale à 100% d’EDF qui gère le réseau public de transport haute tension de l’électricité



EDF et le nucléaire : l’enfer c’est les autres !


EDF, ses difficultés financières et le nucléaire font depuis quelques semaines régulièrement la une des journaux. La démission récente de son directeur financier déclenchée par son différent avec le président d’EDF et le gouvernement sur l’opportunité d’investir une bonne vingtaine de milliards d’€ dans la construction de deux EPR à Hinkley Point alors que ceux de Finlande et de Flamanville n’en finissent pas d’essuyer des retards et des surcoûts émeut les marchés : l’action d’EDF perd 0,9 euro (8%) dans la journée du 7 mars à l’annonce de cette démission. Emmanuel Macron doit monter au créneau dès le 8 au matin sur France Inter pour exprimer toute sa confiance dans ce projet et tenter de rassurer les marchés…


Un peu d’histoire
Cette descente aux enfers financiers d’EDF ne date pas d’hier. Remontons dix ans plus tôt, en 2006, quand le gouvernement décide de donner son feu vert à la construction d’un EPR à Flamanville, sans même attendre le lancement du débat que doit organiser la Commission du débat public sur l’opportunité de sa construction… De nombreuses voix se font pourtant entendre pour mettre en garde EDF et les pouvoirs publics contre ce projet. Le numéro 18 des cahiers de Global Chance " l’EPR, un réacteur inutile et dangereux " paru deux ans plus tôt donne bien le ton des critiques et des mises en garde qui seront développées au cours du débat de 2006 : complexité excessive du projet, incertitudes sur la sûreté et la sécurité revendiquées par EDF, doute sur l’intérêt de maintenir deux ingénieries concurrentes sur le nucléaire en France (Areva et EDF), doute sur les perspectives d’exportation d’EPR , affirmation de l’inutilité de moyens de production supplémentaires d’électricité en base pour la France avant 2030, contestation des prévisions de coût du MWh affichées par EDF, etc…

Ces mises en garde, comme celles exprimées par Ségolène Royal lors du débat présidentiel sont bien vite balayées dès l’élection du nouveau président. A la fin de l’année 2007, dans l’euphorie dudiscours officiel sur l’irrésistible renaissance du nucléaire mondial , le cours de l’action EDF atteint des sommets à plus de 85 € (95€ 2016), une affaire pour l’Etat qui en possède plus de 85%. Depuis le cours de l’action a été divisé par 9 et l’Etat, autant dire nous les citoyens, a perdu près de 160 milliards € 2016, l’équivalent de 7,5 % du Pib.


Les avatars du nucléaire y seraient-ils pour quelque chose ?
Que nenni nous affirme son président :

- Premier argument repris en boucle par le gouvernement : ce n’est surtout pas la politique d’EDF qu’il faut accuser, c’est la chute des prix de gros sur le marché européen due à la surcapacité de production. On a pourtant bien du mal à imaginer que les exportations massives d’électricité principalement nucléaire auxquelles EDF se livre (70 à plus de 90 TWh ces dernières années, jusqu’ à plus de 15% de sa production) dont elle tire une grande fierté (EDF premier exportateur européen d’électricité) n’a aucune influence sur le prix de marché de l’électricité. Un peu comme si l’Arabie saoudite après avoir largement desserré ses quotas d’exportation se plaignait de ce que ses concurrents fassent baisser dangereusement le cours du baril…

- Second argument : les énergies renouvelables profitent d’une obligation d’achat à des tarifs qui faussent le marché au détriment du nucléaire. C’est oublier un peu vite les subventions explicites ou implicites dont la filière nucléaire a largement bénéficié tout au long de son développement (recherche publique, prêts garantis par l’Etat, etc.) et dont elle bénéficie toujours (prise en charge par l’Etat d’un accident majeur éventuel, aléas futurs du démantèlement et du stockage des déchets, etc). Et le président d’EDF d’ajouter :

" La question se pose de savoir comment justifier un investissement à temps long dans le nucléaire lorsque les signaux de prix sont bas. Lorsque le marché est déséquilibré, il faut garantir un prix pour le nucléaire comme pour les énergies renouvelables. C'est le choix retenu, à juste titre, par les Britanniques ". Il revendique ainsi pour la mise en place d’EPR (simplifiés ou non) de mesures tarifaires dont la justification pour les renouvelables reposait sur l’acquisition de la maturité technico-économique des filières, ce qui laisse un doute sur celle de la filière nucléaire et pose la question de la pertinence de fonder l’avenir électrique du pays sur une filière dont la rentabilité éventuelle suppose une pérennité de politiques de soutien sur 40 ou 50 ans.

- Troisième argument : les gaz à effet de serre. C’est vrai que l’électricité nucléaire produit beaucoup moins de CO2 par kWh que l’électricité charbon ou gaz. Mais c’est aussi le cas de l’éolien ou du photovoltaïque et de l’hydraulique qui, quant à elle, vient aujourd’hui au secours du nucléaire aux périodes de pointe. Sans compter les économies d’électricité…

- Quatrième argument : la France est et doit rester une grande puissance nucléaire à l’exportation. C’est ce qui justifierait aux yeux d’Emmanuel Macron l’opération Hinkley Point. Et puis EDF travaille sur un EPR simplifié qui ne saurait manquer d’être très compétitif à la fois vis-à-vis de ses concurrents nucléaires et des autres moyens de production existants ou à construire. Mais cet argument se heurte au constat d’une diminution progressive et importante des coûts des filières renouvelables comme le photovoltaïque et dans une moindre mesure l’éolien, dans un contexte historique de coûts constamment croissants des différents paliers des réacteurs à eau pressurisée. D’autre part il faut bien prendre conscience que la France, même quand elle apparaissait effectivement aux yeux du monde comme incontournable dans la filière nucléaire n’a jamais réussi à développer un véritable marché de ses réacteurs à l’étranger. Pour 58 réacteurs PWR construits en France depuis une quarantaine d’années, la France a vendu à l’étranger 11 réacteurs (trois en Belgique, deux en Corée du Sud, deux en Afrique du Sud et quatre en Chine). Sans compter qu’EDF se trouve aujourd’hui objectivement en retard par rapport à ses concurrents sur son propre produit EPR ou sur des produits analogues. Si, comme c’est très probable, le premier EPR de Taïshan en Chine diverge bien avant le réacteur de Flamanville, l’industrie chinoise dont on connaît la compétitivité se trouvera en excellente position vis-à-vis d’EDF sur un marché mondial limité à quelques réacteurs par an.

- Cinquième argument : le nucléaire rénové après " Grand carénage ", avec un coût prévu de l’ordre de 63 à 70 € par MWh si tout va bien, sera très compétitif en base et restera indispensable pour satisfaire aux besoins d’électricité nationaux qui ne peuvent que croître de façon spectaculaire dans la décennie qui vient. De plus grâce à la modulation de la puissance des réacteurs qu’EDF propose, le nucléaire viendra au secours de l’électricité renouvelable, variable par nature pour l’éolien et le photovoltaïque qu’impose la loi de transition énergétique (40% en 2030). Mais d’une part la croissance de consommation d’électricité nécessaire à cette stratégie est totalement irréaliste et d’autre part le projet de modulation de la puissance des réacteurs au niveau requis , non sans risques d’accident, conduirait à une augmentation du coût/MWh de 35%.

- Dernier argument qui va droit au cœur des français : l’indépendance énergétique de la France irremplaçable que nous procurerait la filière nucléaire. Sauf que la totalité de l’uranium qui fait marcher nos centrales est étranger, ce qui réduit d’autant notre indépendance (figure ci-dessous)



Taux d’indépendance énergétique officiel et réel
EDF, ses difficultés financières et le nucléaire font depuis quelques semaines régulièrement la une des journaux. La démission récente de son directeur financier déclenchée par son différent avec le président d’EDF et le gouvernement sur l’opportunité d’investir une bonne vingtaine de milliards d’€ dans la construction de deux EPR à Hinkley Point alors que ceux de Finlande et de Flamanville n’en finissent pas d’essuyer des retards et des surcoûts émeut les marchés : l’action d’EDF perd 0,9 euro (8%) dans la journée du 7 mars à l’annonce de cette démission. Emmanuel Macron doit monter au créneau dès le 8 au matin sur France Inter pour exprimer toute sa confiance dans ce projet et tenter de rassurer les marchés…


Un peu d’histoire
Cette descente aux enfers financiers d’EDF ne date pas d’hier. Remontons dix ans plus tôt, en 2006, quand le gouvernement décide de donner son feu vert à la construction d’un EPR à Flamanville, sans même attendre le lancement du débat que doit organiser la Commission du débat public sur l’opportunité de sa construction… De nombreuses voix se font pourtant entendre pour mettre en garde EDF et les pouvoirs publics contre ce projet. Le numéro 18 des cahiers de Global Chance " l’EPR, un réacteur inutile et dangereux " paru deux ans plus tôt donne bien le ton des critiques et des mises en garde qui seront développées au cours du débat de 2006 : complexité excessive du projet, incertitudes sur la sûreté et la sécurité revendiquées par EDF, doute sur l’intérêt de maintenir deux ingénieries concurrentes sur le nucléaire en France (Areva et EDF), doute sur les perspectives d’exportation d’EPR , affirmation de l’inutilité de moyens de production supplémentaires d’électricité en base pour la France avant 2030, contestation des prévisions de coût du MWh affichées par EDF, etc…

Ces mises en garde, comme celles exprimées par Ségolène Royal lors du débat présidentiel sont bien vite balayées dès l’élection du nouveau président. A la fin de l’année 2007, dans l’euphorie dudiscours officiel sur l’irrésistible renaissance du nucléaire mondial , le cours de l’action EDF atteint des sommets à plus de 85 € (95€ 2016), une affaire pour l’Etat qui en possède plus de 85%. Depuis le cours de l’action a été divisé par 9 et l’Etat, autant dire nous les citoyens, a perdu près de 160 milliards € 2016, l’équivalent de 7,5 % du Pib.


Les avatars du nucléaire y seraient-ils pour quelque chose ?
Que nenni nous affirme son président :

- Premier argument repris en boucle par le gouvernement : ce n’est surtout pas la politique d’EDF qu’il faut accuser, c’est la chute des prix de gros sur le marché européen due à la surcapacité de production. On a pourtant bien du mal à imaginer que les exportations massives d’électricité principalement nucléaire auxquelles EDF se livre (70 à plus de 90 TWh ces dernières années, jusqu’ à plus de 15% de sa production) dont elle tire une grande fierté (EDF premier exportateur européen d’électricité) n’a aucune influence sur le prix de marché de l’électricité. Un peu comme si l’Arabie saoudite après avoir largement desserré ses quotas d’exportation se plaignait de ce que ses concurrents fassent baisser dangereusement le cours du baril…

- Second argument : les énergies renouvelables profitent d’une obligation d’achat à des tarifs qui faussent le marché au détriment du nucléaire. C’est oublier un peu vite les subventions explicites ou implicites dont la filière nucléaire a largement bénéficié tout au long de son développement (recherche publique, prêts garantis par l’Etat, etc.) et dont elle bénéficie toujours (prise en charge par l’Etat d’un accident majeur éventuel, aléas futurs du démantèlement et du stockage des déchets, etc). Et le président d’EDF d’ajouter :

" La question se pose de savoir comment justifier un investissement à temps long dans le nucléaire lorsque les signaux de prix sont bas. Lorsque le marché est déséquilibré, il faut garantir un prix pour le nucléaire comme pour les énergies renouvelables. C'est le choix retenu, à juste titre, par les Britanniques ". Il revendique ainsi pour la mise en place d’EPR (simplifiés ou non) de mesures tarifaires dont la justification pour les renouvelables reposait sur l’acquisition de la maturité technico-économique des filières, ce qui laisse un doute sur celle de la filière nucléaire et pose la question de la pertinence de fonder l’avenir électrique du pays sur une filière dont la rentabilité éventuelle suppose une pérennité de politiques de soutien sur 40 ou 50 ans.

- Troisième argument : les gaz à effet de serre. C’est vrai que l’électricité nucléaire produit beaucoup moins de CO2 par kWh que l’électricité charbon ou gaz. Mais c’est aussi le cas de l’éolien ou du photovoltaïque et de l’hydraulique qui, quant à elle, vient aujourd’hui au secours du nucléaire aux périodes de pointe. Sans compter les économies d’électricité…

- Quatrième argument : la France est et doit rester une grande puissance nucléaire à l’exportation. C’est ce qui justifierait aux yeux d’Emmanuel Macron l’opération Hinkley Point. Et puis EDF travaille sur un EPR simplifié qui ne saurait manquer d’être très compétitif à la fois vis-à-vis de ses concurrents nucléaires et des autres moyens de production existants ou à construire. Mais cet argument se heurte au constat d’une diminution progressive et importante des coûts des filières renouvelables comme le photovoltaïque et dans une moindre mesure l’éolien, dans un contexte historique de coûts constamment croissants des différents paliers des réacteurs à eau pressurisée. D’autre part il faut bien prendre conscience que la France, même quand elle apparaissait effectivement aux yeux du monde comme incontournable dans la filière nucléaire n’a jamais réussi à développer un véritable marché de ses réacteurs à l’étranger. Pour 58 réacteurs PWR construits en France depuis une quarantaine d’années, la France a vendu à l’étranger 11 réacteurs (trois en Belgique, deux en Corée du Sud, deux en Afrique du Sud et quatre en Chine). Sans compter qu’EDF se trouve aujourd’hui objectivement en retard par rapport à ses concurrents sur son propre produit EPR ou sur des produits analogues. Si, comme c’est très probable, le premier EPR de Taïshan en Chine diverge bien avant le réacteur de Flamanville, l’industrie chinoise dont on connaît la compétitivité se trouvera en excellente position vis-à-vis d’EDF sur un marché mondial limité à quelques réacteurs par an.

- Cinquième argument : le nucléaire rénové après " Grand carénage ", avec un coût prévu de l’ordre de 63 à 70 € par MWh si tout va bien, sera très compétitif en base et restera indispensable pour satisfaire aux besoins d’électricité nationaux qui ne peuvent que croître de façon spectaculaire dans la décennie qui vient. De plus grâce à la modulation de la puissance des réacteurs qu’EDF propose, le nucléaire viendra au secours de l’électricité renouvelable, variable par nature pour l’éolien et le photovoltaïque qu’impose la loi de transition énergétique (40% en 2030). Mais d’une part la croissance de consommation d’électricité nécessaire à cette stratégie est totalement irréaliste et d’autre part le projet de modulation de la puissance des réacteurs au niveau requis , non sans risques d’accident, conduirait à une augmentation du coût/MWh de 35%.

- Dernier argument qui va droit au cœur des français : l’indépendance énergétique de la France irremplaçable que nous procurerait la filière nucléaire. Sauf que la totalité de l’uranium qui fait marcher nos centrales est étranger, ce qui réduit d’autant notre indépendance (figure ci-dessous)




Malgré le déploiement du programme nucléaire français, l’indépendance énergétique française n’a cessé de se dégrader, de 25% à la fin des années 1970 à moins de 10% au début des années 2010, comme le montre l’évolution du taux " corrigé " qui tient compte du fait que l’uranium est importé

Source : B Dessus , Déchiffrer l’énergie, Belin 2014
et que la réalisation en France des éléments les plus importants de nos futurs réacteurs a bien des chances de nous échapper au profit de l’industrie chinoise.

La plupart de ces arguments sont donc pour le moins contestables et fragiles puisqu’une bonne part d’entre eux renvoient à la responsabilité des " autres " (pays voisins ou technologies concurrentes) plutôt qu’aux performances propres du nucléaire et d’EDF.


Pas un mot de l’essentiel !
Mais ce qui est de loin le plus surprenant dans le discours d’EDF est le silence complet, sur les questions principales que pose le nucléaire et qui ne sont pas d’abord économiques et financières : l’accident majeur, le devenir des déchets à haute activité et à vie longue (plusieurs centaines de milliers d’années) et les risques de prolifération.

Au moment où le Japon commémore le cinquième anniversaire de l’accident majeur de Fukushima est ce à la bourse qu’il faut rappeler que les dégâts sont estimés au Japon à au moins 87 G€ pour être entendus ?


EDF joue-t’il son rôle de " service public " et certains ministres leur rôle de gardiens de la sécurité des citoyens en faisant semblant d’ignorer totalement ce risque d’accident majeur alors qu’en réponse à la journaliste qui lui demandait si " In fine, la question n’est-elle pas si, mais quand il y aura un accident majeur en Europe ? ", le président de l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN), Pierre-Franck Chevet, a répondu : " Oui, il y en aura ".
Dans ces conditions, EDF joue–t’il son rôle de " service public " (avec le soutien la ministre de l’environnement) en affichant clairement son intention de prolongation de la durée de vie de l’ensemble du parc nucléaire actuel sans un mot sur l’aggravation des risques ni sur le fait que cette décision serait en totale contradiction avec la loi sur la transition énergétique ?

EDF joue-t’il son rôle de " service public " en faisant pression avec succès sur la ministre de l’environnement pour faire " arbitrer " à 25 G€ un devis proposé par l’ANDRA pour le site de stockage de déchets nucléaires de Bure à 34 G€, pourtant considéré comme sous évalué par l’ASN et la Cour des comptes ?

EDF joue–t’elle joue-t’il son rôle de " service public " en ne proposant comme voie de sortie de la crise qu’il traverse qu’une fuite en avant irréaliste de la consommation d’électricité des français dans le seul espoir de maintenir la prééminence du nucléaire?

Au moment même où l’on attendrait d’EDF la prise en main de la révolution qui s’opère partout du passage de la fourniture d’énergie centralisée à celle de l’échange de services les plus efficaces possibles de l’énergie au niveau local, avec les risques d’uberisation marchande qu’elle comporte, ce sont les intérêts sectoriels d’une industrie aux abois qui semblent uniquement guider ses dirigeants. Comme si le seul horizon possible pour EDF résidait dans l’accroissement indéfini de sa production d’électricité et la poursuite de l’exception nucléaire française.




Cette obstination est non seulement suicidaire pour l’entreprise, mais plus grave encore pour la notion de service public et la sécurité des Français !



Tout est bon à EDF pour ne pas toucher à son parc nucléaire :


Il sera toujours temps, passé 2018, d’expliquer au prochain président de la République que le maintien du couperet des 50% n’est pas possible, bien malgré EDF, dans une période si difficile pour le portefeuille des consommateurs. Et on pourra toujours spéculer sur le coût réel de démantèlement d’une centrale nucléaire puisqu’on en aura soigneusement évité l’expérience….




Le propos tenu dans les échos du 19 février [1] par Stéphane Feutry, délégué à l’état-major à la Direction de la production nucléaire d’EDFselon lequel "  le parc nucléaire a toujours su faire de la modulation, mais ce qui change avec l’intermittence des énergies solaire et éolienne, c’est que nous avons besoin de faire varier davantage de réacteurs en même temps " vient éclairer très utilement l’une des déclarations de son président qui a particulièrement retenu l’attention deux jours plus tôt : " Notre parc, disait il, doit continuer de fonctionner au niveau actuel. La puissance globale de 63 gigawatts [2] est un plafond, mais aussi un plancher " [3].

On pouvait en effet légitimement se poser la question de la compatibilité de cette déclaration du président d’EDF avec les prescriptions de la loi sur la transition énergétique : division par deux de la consommation finale d’énergie en 2050, sa chute de 20% en 2030 (et donc une diminution de l’ordre de 15% en 2025), et la limitation à 50% du nucléaire dans la consommation électrique française en 2025.

Comment y parvenir alors que le nucléaire contribue aujourd’hui à plus de 75% de la consommation intérieure française ? Il faudrait en effet une augmentation de cette consommation de 50% en 2025 à laquelle personne ne croit pour y parvenir sans toucher à la production nucléaire actuelle (440 TWh). Elle stagne en effet depuis plusieurs années comme le montre la fig 1 et évoluera, selon RTE, de plus ou moins 0,16%/an en France dans les années qui viennent, malgré les nouveaux usages de l’électricité régulièrement invoqués pour justifier un retour à la hausse [4] ; quant au bilan exportations/importations d’électricité (62 TWh en 2015), il est limité par la capacité des lignes transfrontalières mais aussi par la surcapacité croissante en Europe qui entraîne la chute des prix de gros (de 60 €/MWh en 2012 à 26 €/MWh actuellement ).




Il faudrait donc logiquement fermer des réacteurs, une vingtaine selon la Cour des Comptes.

C’est hors de question pour EDF qui propose de maintenir la puissance du parc nucléaire à son niveau actuel et de l’utiliser chaque fois que nécessaire comme roue de secours de l’électricité renouvelable quand celle ci, intermittente vient à manquer. Un prêté pour un rendu, en somme, de ce qui se passe aujourd’hui où notre parc nucléaire, bien incapable de se débrouiller tout seul aux périodes de pointes de consommation électrique appelle les barrages hydroélectriques et les centrales à combustibles fossiles à la rescousse!

Mais pour cela il faut rendre rapidement modulable la production de cet énorme outil qu’est un réacteur nucléaire. EDF le fait déjà à petite échelle et à grand peine depuis plusieurs années sur une partie de son parc. C’est peut-être faisable à plus grande échelle même si c’est très délicat, mais cela contribue à fragiliser les gaines de combustible et la cuve du réacteur soumis à des variations mécaniques et thermiques importantes et beaucoup plus fréquentes qu’en fonctionnement continu. En déclarant que "  moduler la production nucléaire oblige à un peu plus de maintenance, parce que les robinets ou les tuyaux sont un peu plus sollicités. Mais on est dans l’épaisseur du trait " Stéphane Feutray va donc un peu vite, comme s’il s’agissait d’un vulgaire problème de robinets. Il en va en fait de la sûreté de réacteurs vieillissants puisque la moyenne d’âge de 30 d’entre eux atteint 34 ans cette année. Que penserait-on d’un accident majeur survenant " dans l’épaisseur du trait " ?

Et puis, à supposer, ce qui est loin d’être acquis, que cette pratique se généralise sans risque de fausse manœuvre dangereuse ni augmentation des risques d’accident majeur par dégradation accélérée des caractéristiques de résistance de l’installation, reste un problème économique de taille queBernard Salha le directeur des Etudes et Recherches d‘EDF éclipse en déclarant simplement que " cette manœuvrabilité permet de limiter les pertes de production ".

En effet, si le nucléaire doit satisfaire dans une proportion importante aux besoins complémentaires d’électricité renouvelable au point de ne plus représenter que 50% de la consommation, il ne produira plus, globalement (solde des exportations comprises), que 310 TWh environ[ 5] contre 440 aujourd’hui, une chute de production de plus de 40%. C’est dire que le nombre d’heures moyen d’appel au parc nucléaire actuellement de 7100 heures/an devra descendre autour de 5000 heures par an.


Cette chute du taux de charge aura des conséquences majeures sur le coût de production nucléaire. Le poids de l’amortissement des investissements initiaux, des investissements de maintenance et des frais fixes d’exploitation (en particulier de personnels), voisin de 90%, rend en effet le coût du MWh extrêmement sensible au taux de charge annuel du parc comme le montre la courbe ci dessous.



Le coût au MWh du parc après " Grand carénage " estimé par la Cour des comptes entre 63 et 70 € sur la base du taux de charge annuel actuel pourrait ainsi subir une augmentation de 35% et atteindre de 85 à 96€.

C’est donc une proposition à la fois très risquée du point vue de la sûreté et désastreuse du point de vue économique que suggère EDF en faisant semblant de croire qu’elle pourra sortir du dilemme de réduction du parc à laquelle elle est confrontée du fait de la loi sur la transition énergétique en venant généreusement au secours des énergies renouvelables intermittentes.

EDF nous a longtemps expliqué, pour justifier l’ampleur de son parc nucléaire, que les énergies renouvelables électriques exigeaient du fait de leur intermittence de se voir adossées de capacités équivalentes d’électricité thermique à combustibles fossiles, ruineuses et très émettrices de gaz à effet de serre. Aujourd’hui que ces énergies deviennent compétitives par rapport au nucléaire, EDF fait le dos rond avec un discours plus conciliant vis-à-vis de ces énergies et leur propose même un projet d’alliance présenté comme gagnant–gagnant.

Il sera toujours temps, passé 2018, d’expliquer au prochain président de la République que le maintien du couperet des 50% n’est pas possible, bien malgré EDF, dans une période si difficile pour le portefeuille des consommateurs. Et on pourra toujours spéculer sur le coût réel de démantèlement d’une centrale nucléaire puisqu’on en aura soigneusement évité l’expérience….






[2]indiquée dans la loi de transition énergétique comme un plafond

[3] " L'électricité est la principale solution au problème du climat " le Monde 18 février

[4] En France par exemple, l’introduction de 2 millions de véhicules électriques dans le parc avant 2025, évidemment bien improbable (il n’en existe que 40 000 aujourd’hui) n’entraînerait qu’une augmentation de consommation de 5 ou 6 TWh d’électricité et celle d’un million de pompes à chaleur en remplacement de chaudières fioul (actuellement au nombre de 2,4 millions) également improbable avec le prix du fioul actuel une augmentation 6 à 8 TWh, au total moins de 3% de la consommation actuelle.

[5] Dans l’hypothèse d’une consommation intérieure de 500 TWh en 2025, en augmentation de 5% par rapport à 2015.