Salvador Allende venait de prononcer son dernier discours ; et quel discours !
En le réécoutant des années plus tard dans une émission historique sur France-Inter ou Culture, j'ai su ce qu'était un homme politique avec un grand P. Un homme de la trempe des Jean Jaurès et des Léon Blum, un perdant magnifique de l'Histoire, assassiné par la bête immonde comme Karl Liebnecht, Rosa Luxembourg, Andreu Nin ou Buenaventura Durruti. Derrière ses allures de notaire débonnaire, il y avait un formidable orateur soucieux de laisser une trace et un testament politique à ses contemporains et aux générations futures.
Voici donc un extrait de ce discours d'adieu que je vous livre pour la beauté du geste et le devoir de mémoire. En relisant ces mots, j'ai une pensée pour lui: Honneur et Dignité à Salvador Allende. Quant à cette vieille ordure de Pinochet, mort dans son lit en 2006 sans jamais avoir été jugé pour ses crimes*, qu'il sombre à jamais dans les oubliettes de l'histoire...
(...)"C'est peut-être la dernière possibilité que j'ai de m'adresser à vous. Les forces armées aériennes ont bombardé les antennes de Radio Portales et Radio Corporación. Mes paroles n'expriment pas l'amertume mais la déception et ces paroles seront le châtiment de ceux qui ont trahi le serment qu'ils firent (...)
Ils ont la force, ils pourront nous asservir mais nul ne retient les avancées sociales avec le crime et la force. L'Histoire est à nous, c'est le peuple qui la construit (...)
Travailleurs de ma patrie ! J'ai confiance au Chili et à son destin. D'autres hommes dépasseront les temps obscurs et amers durant lesquels la trahison prétendra s'imposer. Allez de l'avant tout en sachant que bientôt s'ouvriront de grandes avenues sur lesquelles passeront des homme libres de construire une société meilleure.
Vive le Chili ! Vive le peuple ! Vivent les travailleurs ! Ce sont mes dernières paroles. J'ai la certitude que le sacrifice ne sera pas inutile.
Et que pour le moins il aura pour sanction morale : La punition de la félonie, de la lâcheté et de la trahison."
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