Prevenir les risques de suicide en les identifiant :
Un fait important : les suicidés étaient pour la plupart suivis par un médecin. Plus de 60 % des hommes et 80 % des femmes avaient consulté un généraliste, ou plus rarement un psychiatre, dans les six mois qui ont précédé leur acte désespéré. De même, ces personnes sont très fréquemment victime d’une maladie longue durée : c’est-à-dire souffrant d’une maladie chronique, ou connaissant un grave problème de santé. Il ne s’agit pas seulement de troubles psychiatriques, même si ceux-ci sont très présents. Cela souligne ainsi la fragilité des personnes souffrant d’une affection longue durée, et la nécessité d’un suivi et d’un soutien psychologique.
Un autre fait important :la prise de psychotropes incriminée dans les cas de suicide.Il suffit pour cela de lire tout simplement la notice de ces médicaments pour réaliser qu’ils ecrivent tous « peut donner des idées suicidaires ».
Les psychotropes et notamment les antidépresseurs sont les incontournables de l’armoire à pharmacie des suicidés : entre 30 et 60 ans, plus de 60 % des hommes et près de 90 % des femmes suicidés prennent des psychotropes. Les hypnotiques (somnifères) et tranquillisants sont aussi surconsommés dans les six mois précédents le passage à l’acte. Il faut noter que pour combattre leur mal-être, nombre d’entre eux consomment plusieurs psychotropes et que la prescription est récente. Le problème a donc été identifié par les professionnels de santé, mais que la réponse médicamenteuse n’a pas été suffisante. "Cette hausse de la prescription montre que les médecins ont bien identifié le mal être", souligne le Pr. Debout. "Mais ils ne doivent pas hésiter alors à revoir la personne dans les jours qui suivent, et l’orienter éventuellement vers un psychiatre". Car les experts soulignent aussi que les suicidés sous antidépresseur sont moins suivis par un psychologue que l’ensemble de la population. La prise en charge psychologique est certainement une des clés pour éviter les drames.
Autre message clé de la prévention : l’importance de l’entourage. Comme le souligne le Pr. Debout, "il n’y a pas uniquement l’abord médical, les proches sont aussi essentiels dans le soutien. Bien sûr, il n’est pas question qu’ils deviennent les thérapeutes de la personne. Mais ils doivent être disponibles, et accompagner la consultation du thérapeute. Cette alliance entre le médecin et les proches est le meilleur moyen d’aider la personne à sortir de cette impasse".
Ce travail permet ainsi de mettre en avant certains risques spécifiques liés à l’état de santé et à la prise de médicaments, qui sont autant de signaux d’alerte. Les scientifiques devraient maintenant s’attacher à explorer la situation personnelle des suicidants, pour préciser les événements qui peuvent provoquer le drame : rupture, chômage, solitude… Car selon les données préliminaires, 81 % des hommes et 87 % des femmes suicidées vivaient seuls, et respectivement 87 % et 66 % étaient au chômage. Il faut donc certainement axer la prévention sur ces profils, pour les aider à retrouver "L’envie de la vie".
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