" Mes amis , réveillons-nous . Assez d'injustices ! " L'Abbé Pierre

mercredi 27 avril 2011

Août 1980 : Solidarność : un espoir se lève à l’est ou comment les syndicats ont eu des moments de gloires !

Août 1980 : Solidarność : un espoir se lève à l’est
Le 1er juillet 1980, une série de grèves éclate en quelques heures dans toute la Pologne en réaction à une augmentation massive du prix de la viande. Durant l’été 1980, l’Etat polonais va trembler. La grève générale s’accompagne de tentatives d’auto-organisation et d’autogestion, et débouchera sur la constitution du syndicat indépendant Solidarność, qui se veut un modèle original de sortie du stalinisme.
Le 1er juillet 1980, une série de grèves éclate en quelques heures dans toute la Pologne en réaction à une augmentation massive du prix de la viande. Durant l’été 1980, l’État polonais va trembler. La grève générale s’accompagne de tentatives d’auto-organisation et d’autogestion, et débouchera sur la constitution du syndicat indépendant Solidarność, qui se veut un modèle original de sortie du stalinisme.
Pologne, août 1980. Le soulèvement qui va faire trembler le régime stalinien ne vient pas de nulle part. Il est porteur de l’expérience des grandes luttes des vingt-cinq années précédentes, qui avaient affirmé avec une vigueur croissante l’autonomie de la classe ouvrière face à un État prétendument « ouvrier ».
A Poznań, le 28 juin 1956, 1.500 métallos s’étaient mis en grève contre l’augmentation des normes de production. Pendant quelques jours, ils avaient pris le contrôle de la ville. Déjà, le gouvernement avait usé alternativement de deux méthodes pour écraser le mouvement : tout d’abord, la répression, qui avait fait une quarantaine de morts, des centaines de blessés et d’arrestations. Puis, le Parti ouvrier unifié polonais (POUP) avait installé Gomułka au pouvoir et libéré les prisonniers politiques. Il était allé jusqu’à reconnaître les conseils ouvriers. Dès que cet apaisement avait permis un reflux de la confrontation, que la mobilisation était retombé, il a pu décréter illégales les grèves et reprendre tout ce qu’il avait concédé aux grévistes.
Mais 1956 a donné naissance à un large mouvement de réflexion critique qui sera vivifié par le Printemps de Prague en 1968 [1]. Au mois de mars 1968 en Pologne, l’interdiction de la pièce de théâtre Les Aïeux (Dziady) du grand poète national Adam Mickiewicz avait déclenché une manifestation durement réprimée. Les milieux intellectuels ont été épurés ainsi que des dirigeants du POUP, soupçonnés de « libéralisme », le tout sur fond de campagne antisémite.
L’expérience des luttes passées porte enfin ses fruits. 1956 avait placé la classe ouvrière au premier plan, 1968 les milieux étudiants et intellectuels, les grèves réprimées de 1970 et 1976 de nouveau la classe ouvrière, 1980 sera la réunion du mouvement ouvrier et des intellectuels ainsi que d’une grande partie de la population y compris de la paysannerie. On est en présence d’un véritable mouvement populaire, qui va se concrétiser par la création du syndicat indépendant et autogéré Solidarité (NSZZ Solidarność), comptant, dès novembre 1980, 10 millions d’adhérents et adhérentes, auquel s’adjoindront 3 millions de paysans et paysannes en mai 1981 [2].
Les syndicats libres s’imposent
Le 30 juin 1980, le gouvernement annonce une augmentation du prix de la viande de près de 60 %. Dès le lendemain, des grèves massives éclatent dans toute la Pologne. Le 13 juillet, les cheminots et cheminotes de Lublin réclament un alignement de leurs salaires sur ceux de la milice ainsi que l’élection de syndicats libres. Le 17, les cheminots et cheminotes encore, bloquent un train de viande à destination de l’URSS. La grève s’auto-organise à l’échelle de toute la ville et quinze jours plus tard, des représentants sont directement élus par les travailleurs et travailleuses du rail, suivis d’autres secteurs.
Le 11 août à Varsovie, le pouvoir réagit et place en garde-à-vue le chef de file de la grève des éboueurs. Le 13 à Gdansk, trois ouvriers et ouvrières des chantiers navals Lénine sont licenciés dont Anna Walentynowicz, une responsable syndicale militante du Comité de défense des ouvriers (KOR). Le lendemain, 17.000 ouvriers du chantier ainsi que 24 entreprises de la région se mettent en grève.
èàûèàû Grévistes aux chantiers navals Lénine, à Gdansk, août 1980 © Mark Carrot
Le 18 août, la grève touche plus de 180 entreprises qui se coordonnent en comité inter-entreprises (MKZ). Après 19 jours de grève, le 31 août, un accord est signé à Gdansk. Il porte sur 21 points dont : la reconnaissance de syndicats libres et du droit de grève, la libération des prisonniers politiques, l’augmentation des salaires avec échelle mobile, le plein approvisionnement en produits alimentaires, la désignation des cadres et suppression des privilèges de la milice, de la Sûreté et du Parti, abaissement de l’âge de la retraite (50 ans pour les femmes et 55 pour les hommes ou après 30 ans de travail pour les unes et 35 pour les autres), généralisation des samedis libres…


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