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lundi 22 décembre 2014

Ces politiques qui font parler Jaures : Une pratique qui revient à "faire parler les morts pour endormir les vivants"

Ces politiques qui font parler Jaures : Une pratique qui revient à "faire parler les morts pour endormir les vivants" bandes d’imposteurs !

La figure socialiste Jean Jaures est un symbole revendiqué par beaucoup de personnalités politiques qui s'attribuent une filiation avec ses idées. Petit tour d'horizon de ce qu'aurait fait Jean Jaurès aujourd'hui selon chacun, non sans quelques surprises.

Chacun voudrait pouvoir se reconnaître en lui. Quitte à le faire prendre position sur des sujets actuels. Jean Jaurès a été tué il y a cent ans, mais le mythe du tribun socialiste et la valorisation de son action politique ont été fréquemment utilisés par des personnalités politiques de tous bords au cours des dernières années. Beaucoup tentent d'inscrire leur action dans la lignée du fondateur de L'Humanité, lui prêtant un avis sur tous les domaines, sans distinction de droite et gauche. Florilège.

"Je suis l'héritier de Jaurès"



Les polémiques sur les références à Jaurès n'ont pas attendu le centenaire de sa mort. En 2007, la campagne présidentielle a été particulièrement marquée par le tribun mort en 1914 et son "héritage", disputé par les candidats. Nicolas Sarkozy a ouvert le bal en fevrier, fustigeant une gauche qui aurait " oublié Jaures ". Les charges vont du travail "dont la gauche ne parle plus" au contraire de Jaurès, à la politique de l'éducation, Sarkozy jugeant que celle proposée par Jaurès "est le contraire de ce que la gauche prône depuis quarante ans". En avril, Nicolas Sarkozy repart à l’attaque, quelques mois avant l'élection. "La gauche en dévalorisant le travail a trahi Jaurès", assure-t-il, estimant qu'elle "n'entend plus la voix" du fondateur de L'Humanité. "En vérité, la gauche a renié la République de Jaurès", sermonne-t-il encore, avant d'affirmer, tout en raillant le premier secrétaire du Parti socialiste de l'époque: "Je me sens l'héritier de Jaurès, salut Monsieur Hollande!"

"Jaurès aurait voté Front national"



L'assertion est visible sur une affiche électorale de la campagne des européennes de 2009 dans le Sud-Ouest. Louis Aliot, candidat FN dans cette région, avait justifié le slogan en jugeant que "la seule formation politique en France à défendre les valeurs de justice sociale et d'humanisme est le Front National", selon une publication sur son site internet (supprimé depuis). Sur Europe 1, l'intéressé avait estimé qu'"aujourd'hui Jean Jaurès aurait voté FN comme toute une série de patriotes de gauche". Les élections européennes de 2009 avaient eu lieu l'année du cent-cinquantenaire de la naissance de Jean Jaurès, en 1859.

"La démocratie que je défends et l'idéal jauressien de citoyenneté ont quelque chose en commun"



Parmi les responsables socialistes, Ségolène Royal figure parmi ceux qui ont le plus défendu leur action en s'appuyant sur Jaurès. Dans plusieurs discours, dont un long de juillet 2011 à Lavelanet (Ariège), l'ex-candidate socialiste à la présidentielle a vanté les mérites de Jean Jaurès. Ségolène Royal se sent proche d'une "indignation contre des comportements patronaux" d'un Jaurès "révolté par la dure condition ouvrière de son temps". Et loin de simplement célébrer l'idéal d'un ancêtre socialiste, la présidente du Poitou-Charentes n'omet pas de souligner, en creux, le lien entre son action et les idées de Jaurès. Elle en cite d'ailleurs quelques exemples concrets: "La démocratie sociale telle que je m'engage à la développer (...) et l'idéal jauressien de citoyenneté dans l'entreprise ont quelque chose en commun: la conviction que l'intérêt général commande le respect mutuel plutôt que la brutalité des relations sociales."

"Jaurès s'opposerait à cette politique de remboursement de la dette"



Le premier lien de Philippe Torreton avec Jean Jaurès reste les roles que l’acteur a tenus dans une piece consacrés à l'homme politique. L'homme de cinéma et de théâtre, ancien conseiller de Paris dans l'équipe de Bertrand Delanoë, assume clairement son engagement politique à gauche. Il y a quelques mois, il jugeait auprès de Metronews que Jaurès aurait "totalement" sa place en 2013 en étant "légitime sur tous les sujets même si on a pu lui reprocher son approche du collectivisme". Quant au jugement que le fondateur de L'Humanité aurait porté sur la politique actuelle, il est évident pour Philippe Torreton qu'"il s'opposerait à cette politique de remboursement de cette dette qui n'en finit pas et il prendrait fait et cause pour les Roms". Selon l'acteur, "personne" n'a remplacé le dreyfusard sur l'échiquier politique.

"Jaurès rêvait de l'Europe d'aujourd'hui"



Ce devait être un rappel des racines du parti, ce fut l'occasion de huées et d'apostrophes sévères: la visite de François Hollande en avril à Carmaux, ville d'origine de Jean Jaurès, a été mouvementée. "Jaurès, il ne parlait pas comme vous", lance-t-on au président, accusé de ne pas tenir ses promesses. "Jaurès n'était pas un rêveur, il était optimiste", rétorque dans son discours le chef de l'État. "L'optimiste, selon Jaurès c'était le courageux." Et de défendre, devant l'assistance, les réformes menées dans un contexte de crise européenne. "La France ne doit pas se demander si elle est pour ou contre l'Europe. Qui imagine aujourd'hui la France sans l'Europe? [...] L'Europe d'aujourd'hui est le rêve de Jaurès", assure François Hollande, mêlant union politique et orientation économique.

"Jaurès aurait voté le pacte de responsabilité"



La phrase de Manuel Valls a déclenché l'ire d'une bonne partie de la classe politique, à commencer par les socialistes. Soucieux de défendre la réforme du pacte de responsabilité et son économie de plusieurs dizaines de milliards d’euros sur "le coût du travail pour les entreprises", le premier ministre n'a pas hésité, fin juin, à faire part de sa certitude sur un vote en faveur de ce pacte de la part de Jean Jaurès s'il était député aujourd'hui. "Sans doute, au nom même de la responsabilité. Il aurait été aux côtés de ceux qui veulent gouverner et qui veulent que la gauche gouverne dans la durée", affirme-t-il à France 2 lors de l'inauguration de l'exposition "Jaurès contemporain 1914-2014" à Paris.

"Il faudra lui demander"



Cette avalanche de références et d'avis présumés de Jaurès a visiblement échaudé quelques responsables politiques. C’est ainsi avec prudence que Jean-Christophe Cambadélis a répondu mercredi à une question sur ce sujet. "Jean Jaurès voterait-il pour l'actuel président?", l'a-t-on interrogé sur RTL. "Il faudra lui demander", a botté en touche le premier secrétaire du PS. Comme lui, Jean-Luc Mélenchon ne s'avance pas à faire parler une figure qu'il revendique pourtant. Une pratique qui revient à "faire parler les morts pour endormir les vivants", dénonçait-il dimanche dans le JDD. Tout en célébrant Jaurès pour mieux fustiger le PS actuel.
 
 


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