Il a hélas fallu que le pire se produise, le 11 mars 2011 à Fukushima (Japon), pour que soit enfin prouvé ce que les antinucléaires prétendaient depuis des décennies : un pays, y compris parmi les plus développés et consommateurs d'énergie, peut parfaitement et rapidement se passer du nucléaire.
Au Japon, 0% de nucléaire désormais
En quelques semaines, le Japon a arrêté ses 54 réacteurs. Deux d'entre eux, bénéficiant d'une dernière autorisation complaisante de l'ancienne autorité de sûreté (remplacée depuis par une autre, un peu moins soumise au pouvoir) ont encore fonctionné quelques mois mais, depuis octobre 2013, le Japon fonctionne avec 0% de nucléaire.
Cela fait donc plus d'un an et, devant cet exemple, personne ne peut plus prétendre que l'arrêt du nucléaire est impossible en France. Certes, l'atome produit 75% de notre électricité contre "seulement" 35% au Japon avant la catastrophe mais, objectivement, si 130 millions de Japonais peuvent vivre sans nucléaire, comment serait-ce impossible pour moitié moins de Français (65 millions) ? Si le Japon a pu rapidement arrêter ses 54 réacteurs, comment serait-ce impossible pour les 58 que possède la France ?
Finalement, la question n'est plus de savoir s'il est possible se stopper le nucléaire, mais de savoir quand et comment. Or, hasard heureux, le parc nucléaire français arrive précisément en fin de vie. Il n'est donc pas "nécessaire" d'attendre un Fukushima français pour prendre des décisions cruciales qui doivent de toute façon être prises.
La construction du parc nucléaire français a été décidée dans les coulisses du pouvoir par quelques personnes au début des années 70, sans aucune consultation de la population et sans même un vote de l'Assemblée nationale. Quarante ans plus tard, le lobby nucléaire et son bras armé EDF tentent de rééditer cet incroyable coup de force en engageant, toujours sans le moindre débat, la rénovation du parc nucléaire.
Nucléaire, trop cher
Ce programme, pompeusement baptisé "grand carénage", a d'abord été annoncé par EDF à un coût de 55 milliards d'euros... avant que la Cour des comptes ne rectifie le tir à 110 milliards, le double ! Et encore, il ne s'agit pour EDF que de gagner dix ans... le temps de construire un parc de nouveaux réacteurs, opération estimée à 200 milliards supplémentaires.
Et l'on ne peut que prévoir des factures encore plus gigantesques quand on sait que le réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche) était annoncé au départ par EDF à 2,8 milliards, et que son coût réel est de plus de 10 milliards. Encore faut-il attendre la facture finale... si jamais EDF parvient un jour à terminer ce réacteur, dont le chantier va dépasser les 10 ans alors qu'il devait être achevé en 4 ans et demi !
Cela signifie que, pour que la France continue dans le nucléaire, elle va devoir dépenser des sommes si astronomiques qu'elles sont à peine concevables. Auxquelles il faut ajouter le prix du démantèlement des réacteurs actuels et de l'impossible gestion des déchets radioactifs. Sans oublier que, si de nouveaux réacteurs dont construits, ils devront eux aussi être un jour démantelés, au détriment de la santé et des finances de nos enfants qui auront assurément d'autres problèmes pour ne pas avoir à s'occuper des conséquences de nos erreurs.
En résumé, la mise en oeuvre d'une autre politique énergétique - sans nucléaire et avec moins de pétrole, gaz et charbon - serait assurément très coûteuse, mais... pas plus que la continuation du nucléaire. Et cela permettrait de ne pas rajouter des problèmes insolubles à ceux que nous allons d'ores et déjà léguer à nos descendants. Et, à condition de faire vite, de nous éviter un Fukushima français.
La France peut très bien fonctionner sans nucléaire
Pour confirmer que la France peut très bien fonctionner sans nucléaire, il est utile de regarder ce qui se passe globalement sur la planète. La part du nucléaire dans l’électricité mondiale est passée de 17,1 % en 2001 à 11,7 % en 2012 et probablement à 9 % à ce jour (chiffres officiels attendus en 2015). Il n’y que la France essentiellement qui freine des 4 fers la marche vers la sortie du nucléaire : inconsciente et irresponsable ! ! !
Il s'agit d'une véritable chute libre, commencée bien avant le drame de Fukushima, lequel a encore accéléré le phénomène. L'industrie nucléaire tente de sauver la face en annonçant régulièrement - mais vainement - la construction de dizaines, voire de centaines de réacteurs.
En réalité, seule la Chine a encore un projet nucléaire consistant, plusieurs dizaines de réacteurs envisagés, mais qu'il faut ramener à son exacte place : l'atome produit à ce jour 1,5% de l'électricité chinoise et pourrait, au mieux, arriver à 4%. Ce qui ne représenterait même pas 1% de la consommation totale d'énergie du pays.
Au niveau mondial, la consommation d'énergie se répartit ainsi :
- pétrole+gaz+charbon : 85% ;
- énergies renouvelables (principalement biomasse et hydroélectricité) : 13%, part en hausse continue ;
- nucléaire : moins de 2%, part en baisse rapide.
Le nucléaire, l'énergie d'hier
S'il existe une chance de faire baisser la part du trio "carboné", c'est donc bien avec les renouvelables, qui se développent rapidement partout sur la planète, et assurément pas avec le nucléaire, énergie du siècle précédent, archaïque, ultra-dangereuse, ruineuse, et rejetée de presque partout.
La France ne pourra de toute façon pas continuer seule dans la voie absurde de l'atome : encore appelé parfois le "géant du nucléaire", Areva voit son activité se réduire comme une peau de chagrin et se trouve quasiment en faillite. Sa dette est désormais classée "spéculative" par les agences de notation et sa cotation à la bourse de Paris, autrefois à 82 euros, est descendu à 9 euros : 90% de pertes !
Il est encore temps de sauver notre autre géant, EDF, en engageant immédiatement l'inévitable sortie du nucléaire, qui devra être rapide, et en réorganisant notre système énergétique pour qu'il soit enfin décentralisé, proche des besoins de la population, respectueux des libertés et de la santé publique. C'est-à-dire sans nucléaire.
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