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lundi 22 décembre 2014

2015 pourrait bien être l’année du déclenchement de la Troisième Guerre mondiale ...

Pourquoi 2015 pourrait bien être l’année du déclenchement de la Troisième Guerre mondiale




Tensions entre les États-Unis et la Russie, revendications territoriales sur les îles japonaises... Selon certains observateurs comme Roger Cohen du New York Times, le déclenchement d'une Troisième Guerre mondiale ne tiendrait qu'à une étincelle. Atlantico a soumis cette vision à l'analyse de deux géopolitologues.

La der des ders ?


Dans une tribune publiée sur le site américain The Atlantic, l'éditorialiste du New York Times Roger Cohen estime que les tensions qui agitent l'Ukraine, la guerre syrienne et les conflits territoriaux dans l'est de la mer de Chine, sont autant d'éléments qui pourraient déclencher une Troisième guerre mondiale. Dans quelle mesure ce scénario vous paraît-il crédible ? Le monde pourrait-il réellement avoir à faire face à une troisième guerre mondiale ?



Gérard-François Dumont : Le scénario d'une troisième guerre mondiale n'est pas impossible dans la mesure où plusieurs hypothèses se réaliseraient.

La première, ce serait l'élargissement d'un conflit local. On le voit très bien avec la guerre de l’été 2014 au Proche-Orient entre Israël et Gaza. C’est a priori un conflit très localisé dans un espace restreint. Pourtant, il a une résonnance médiatique et géopolitique mondiale que l'on peut mettre en évidence par les statistiques de mortalité. Sa résonnance, avec environ 1 200 morts, est beaucoup plus importante que le conflit syrien qui compte pourtant 170 000 morts depuis 2011. Cette résonnance considérable de la nouvelle guerre entre Israël et Gaza s’explique par la géographie des diasporas, et en particulier des diasporas juives et palestiniennes dans le monde. Sur 7 cercles géographiques s’élargissant progressivement du Proche-Orient au monde, des populations se sentent concernées par le conflit. Le premier cercle est, bien entendu, constitué des populations qui vivent en Israël ou dans les territoires palestiniens, soit environ 12 millions de personnes. Un deuxième cercle concerne les Palestiniens réfugiés de 1948 ou leurs descendants qui habitent dans un pays limitrophe d’Israël (Jordanie, Liban, et auparavant la Syrie). La diaspora palestinienne exerçant des activités professionnelles dans les pays rentiers du Golfe) forme un troisième cercle de personnes qui se sentent concernées par ce conflit proche-orientale. S’ajoute un quatrième cercle d’arabes non palestiniens sensibles à la cause palestinienne, habitant dans un pays arabe. Le cinquième cercle concerne toutes les diasporas juives réparties dans de nombreux pays du monde, Américains, Européens ou asiatiques, même si la diaspora juive la plus nombreuse, environ 4,5 millions de personnes, habite aux Etats-Unis. Enfin, un sixième cercle concerne les diasporas de pays arabes vivant pour l’essentiel dans des pays du nord, comme la France.

Ainsi un conflit a priori géographiquement localisé, qui concerne sur son théâtre d’opérations un nombre de personnes bien inférieur à bon nombre d’autres conflits se révèle un conflit global notamment du fait de ce que j’appelle le processus de "diasporisation" (1). En conséquence, si les actions politiques d'endiguement ("containment" en anglais) n’étaient pas conduites, le risque d’élargissement du conflit existerait. On peut d'ailleurs se demander quelle serait l’évolution de cette nouvelle guerre Israël-Gaza si les Frères musulmans de Morsi, qui ont fortement soutenu le Hamas et l’on probablement aidé pour lui permettre de construire les fameux tunnels en béton dont l’existence vient d’être révélée en juillet 2014, étaient toujours au pouvoir en Egypte.

Pour citer un autre exemple, dans une autre région du monde, les tensions existantes font peser la menace d’un conflit mondial : c’est Taïwan (2). Tant que l'île est indépendante de la Chine, les États-Unis gardent la maîtrise du Pacifique. Les profondeurs moyennes de la mer de Chine orientale sont de 190 m et celles de la mer de Chine méridionale de 1 200 m, contre plus de 4 000 m pour le Pacifique. En conséquence, les profondeurs de la mer de Chine méridionale rendent difficile l’emploi de sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) que les Chinois aimeraient multiplier. "L’invulnérabilité" de tels sous-marins repose en effet sur la capacité à les déployer sans qu’ils soient pistés par une flotte adverse, notamment par des sous-marins nucléaire d’attaque (SNA). Aujourd’hui, la Chine ne peut guère utiliser de SNLE dans un espace maritime en même temps restreint et peu profond, et donc au sein duquel les sous-marins peuvent difficilement passer inaperçus. Une solution consiste certes à emprunter un détroit vers le Pacifique, mais cela implique la possibilité de se faire repérer. L’accès militaire de la Chine continentale au Pacifique, au-delà des mers de Chine méridionale et orientale, se trouve donc limité. D’une part, la mer de Chine orientale est fermée par les Ryu Kyu, où se trouve la grande base états-unienne d’Okinawa, d’autre part, la mer de Chine méridionale est, quant à elle, bordée par les Etats archipélagiques et Malacca. Elle est de plus restreinte du fait des zones maritimes des États de la région. La meilleure preuve de l’importance de cette question stratégique est fournie par les cartes chinoises qui présentent unilatéralement les zones maritimes exclusives des îles Paracel, des îles Spratley et de Taiwan comme leur appartenant.

D’un point de vue stratégique, assurer sa souveraineté sur Taiwan et la faire reconnaître internationalement constituerait, aux yeux de la Chine, non seulement une considérable extension de sa zone économique exclusive, mais une solution pour disposer d’un accès direct et autonome au Pacifique, notamment pour ses SNLE.

Deux hypothèses ont alors possibles. Soit les Etats-Unis et leurs alliés subissent l’arrivée d’une nouvelle puissance maritime dans l’ensemble du pacifique Nord, soit ils s’y refusent et une guerre mondiale, au sens d’une guerre impliquant des États appartenant à différents continents, serait inévitable. Selon la première proposition de l’alternative, le risque de guerre mondiale existe aussi car on ne peut exclure une bavure venant de l’une des puissances maritimes, bavure qui, par un jeu de réactions puis de contre-réactions, conduirait à une guerre mondiale.

Pierre Verluise : Après deux guerres mondiales, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour savoir qu’un jour il y aura une "Troisième guerre mondiale". D’ailleurs, certains considèrent que cette "Troisième guerre mondiale" a déjà eu lieu. Il s’agit de la Guerre froide (1947-1990). Celle-ci répond en effet à bien des caractéristiques d’une guerre mondiale. La réflexion porterait donc davantage sur une "Quatrième guerre mondiale".


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