Je ne suis pas homosexuel mais je suis pour la liberté et le respect du droit de chacun à etre ce qu'il est,quand bien même qu'il soit "différent"...
«Obama is the only president to have admitted to having used cocaine, writing in his autobiography Dreams From My Father that, along with pot and booze, he'd dabbled in "maybe a little blow, when [I] could afford it". "Not heroin, though," Obama hastily adds in the book. As with Bill Clinton's non-inhalation, every man has his limits.»
M. Obama a pourtant été (fortement !) élu Président des États-Unis. Et il est certes – en ce moment - l’homme le plus populaire de la planète. Autrement dit, l’aveu ne lui a rien coûté politiquement. Qu’en aurait-il été s’il avait confessé avoir déjà eu des expériences homosexuelles ? Ou d’avoir révélé être athée ? (Ce qui n’est pas le cas, il n’est ni gay, ni athée ; il est, dit-il de lui-même, un «croyant actif», quelque chose comme un partisan – souple - de la théologie de la libération. Autrement dit, pour M. Obama, impossible de croire à ce qu’il y a dans l’Évangile, et de bénir en même temps l’Administration qui l’a précédé.) Le soir de sa victoire, M. Obama a cependant célébré le pluralisme idéologique et culturel qui est la réalité des États-Unis, et salué, entre autres composantes de la société américaine, les gays et les non-croyants. Grande première. Grand changement. Irréversible, comme l’est l’élection d’un premier Président afro-américain ?
Au Quebec,M. André Boisclair a dû admettre, lui, qu’il avait consommé, quelques fois, quand il était ministre, de la cocaïne. Il ne s’était pas raconté là-dessus au préalable, comme l’a fait M. Obama, mais il a reconnu les faits, quand il y a eu «fuite», franchement et sans détour – et avec classe, du reste, parce qu’il n’a pas, comme on dit, compromis ses «sources». Il avait déjà reconnu publiquement, au début des années 2000, qu’il était gay. Et au moment de la campagne électorale de 2007, il a dit souhaiter, au nom de la société plurielle, qu’on retire le crucifix de l’Assemblée nationale, peut-être le seul héritage de Duplessis qu’on hésite encore à bazarder.
On sait ce qu’il en a coûté à M. Boisclair : recul obligé sur la question du crucifix, et campagne électorale affligeante, crucifiante, c’est le moins que l’on puisse dire, M. Boisclair harcelé et mis en doute sur la question de la cocaïne comme sur la problématique des accommodements raisonnables, sur lesquels il avait refusé, dès le début de la campagne, de faire peur au monde ; et malgré une campagne électorale courageuse, à la fois clairement indépendantiste et pluraliste, M. Boisclair a subi une dégelée électorale majeure, qui passera à l’histoire.
J’entends encore des gens de mon entourage immédiat, famille, amis, collègues de travail, parler de ces politiciens marqués d’une tare innommable, (mais quand même parfois nommée vulgairement : «tapette», «sans couilles», «faible», «PD »,… et j’en passe,) annoncer leur intention de voter cette fois-ci autrement, parfois Vert, parfois Front National, mais surtout, et de loin, UMP , dont on ne pouvait remettre en question la virilité du Chef, ni dans sa vie de famille, ni dans ses prises de position politiques, conservatrices, énergiques, «fermes» (comme de juste), et (disait-il,) décolonisées. Quelque chose comme la normalité tranquille.
À la lecture de la nouvelle du Time , tout ça m’est revenu en mémoire, et je soumets qu’il reste toujours et encore plus difficile d’être gay, en politique, que d’être afro-américain, et ce même dans le contexte chargé d’une histoire radicalement raciste, comme l’est celle des États-Unis. C’est que le «racisme» anti-gay a des racines dans l’horreur nauséeuse de l’oppresseur et sa violence, dans la honte abyssale de l’opprimé et sa peur, et ce, depuis au moins 2000 ans. L'histoire de cette intolérance, de cette exclusion, de cette cruauté et de ce dégoût reste encore à être écrite, à être racontée, à être enseignée. Et peut-être alors, les mentalités changeront-elles, comme ce fut le cas, au moins partiellement, pour les Noirs américains et à leur avantage.
Mais je sais bien que dans le contexte politique qui est le nôtre, celui d’une société obstinément consensuelle, où, au nom du droit individuel, les divergences politiques ne doivent être que des nuances, affirmer que M. Boisclair a d’abord et avant tout été victime d’homophobie viscérale est irrecevable et, paraît-il, inutilement culpabilisant pour l’électeur – l’électeur qui tient à «son» histoire et à son crucifix. Le fou du roi peut être gay, mais le roi ? C’est là-dessus, précisément, que la vérité est coupable d’être vraie.
Un jour, j’en suis sûr, on regrettera le sort fait à M. Boisclair, comme on regrette maintenant celui fait naguère à Harvey Milk .
Mais d’ici là, le temps doit passer.
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