Il y a longtemps que j’ai cette « toile » de Dali dans ma tête . Je regarde cette représentation du Christ en croix comme d’une extraordinaire beauté, alors que l’œuvre de Dali ne me rejoint pas toujours, bien qu’elle me fascine. Cette toile date de 1951, il y a donc déjà presque 60 ans – Dali mettait fin à son travail à cette époque, et comme toute personne vieillissante, il cherchait un « sens » à tout « ça ». Il s’interrogeait, explorait le phénomène de la spiritualité. Mais ce n’est pas tant ce qui me fascine dans cette toile : c’est plutôt qu’elle reste éminemment contemporaine, parce qu’elle illustre ce que doit, inévitablement, être l’avenir de toutes les religions, j’entends la rencontre avec la modernité, avec le doute scientifique, la souffrance inutile, la répression sociale, la sexualité multiforme, les processus de manipulation et de sublimation, avec, surtout, le risque d’un sur-moi collectif écrasant. L’extraordinaire beauté de cette toile est, pour moi, un appel à la libération de l’homme, une aspiration à la tolérance, un refus de l’horreur, une acceptation de notre temps. Comme aujourd’hui la France : Il y a de ces résistances qui résistent longtemps, qui s’illusionnent à confondre la durée et l’immobilisme – toujours dangereux, parce que toujours potentiellement violent.
Dali disait : « Le Ciel, voilà ce que mon âme éprise d’absolu a cherché tout au long d’une vie qui a pu paraître à certains confuse et, pour tout dire parfumée au soufre du démon. Le Ciel ! Malheur à celui qui ne comprendra pas cela. […] Le Ciel ne se trouve ni en haut, ni en bas, ni à droite, ni à gauche, le Ciel est exactement au centre de la poitrine de l’homme qui a la Foi. P.S. Á cette heure je n’ai pas ou plus encore la Foi et je crains de mourir sans Ciel. » Ni à gauche, ni à droite, ni dans la théologie de la libération, ni dans l’intégrisme, de quelque couleur religieuse qu’il soit. Je n’en pense pas moins. Je crains bien de mourir, un jour lointain, sans Ciel, comme Dali, et de retourner au néant duquel est sorti, hasard des hasards, le Big Bang. Mais je reste convaincu que c’est en haut, et à gauche, c’est à dire avec des idéaux et le cœur à la bonne place, que l’humanisme, la justice et le droit peuvent encore espérer, et pour longtemps, leur avenir.
Restons vigilants … et continuons à esperer car comment on dit l’espoir fait vivre,n’est-ce pas ?
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